Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/49

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Je me ferais moi-même un peu de trahison ;
Et par ce trait badin qui sentirait l’enfance,
Votre beau jugement recevrait trop d’offense.
Je suis un peu timide, et dût-on me jouer,
Je n’ose démentir ceux qui m’osent louer.

Dorimant.

Aussi vous n’avez pas le moindre lieu de craindre
Qu’on puisse, en vous louant ni vous flatter ni feindre ;
On voit un tel éclat en vos brillants appas,
Qu’on ne peut l’exprimer, ni ne l’adorer pas.

Hippolyte.

Ni ne l’adorer pas ! Par là vous voulez dire…

Dorimant.

Que mon cœur désormais vit dessous votre empire,
Et que tous mes desseins de vivre en liberté
N’ont rien eu d’assez fort contre votre beauté.

Hippolyte.

Quoi ? mes perfections vous donnent dans la vue ?

Dorimant.

Les rares qualités dont vous êtes pourvue
Vous ôtent tout sujet de vous en étonner.

Hippolyte.

Cessez aussi, monsieur, de vous l’imaginer.
Si vous brûlez pour moi, ce ne sont pas merveilles ;
J’ai de pareils discours chaque jour aux oreilles,
Et tous les gens d’esprit en font autant que vous.

Dorimant.

En amour toutefois je les surpasse tous.
Je n’ai point consulté pour vous donner mon âme ;