Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/69

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Aronte.

Pour les faire finir, il faut les imiter.

Lysandre.

Faut-il être inconstant pour la rendre fidèle ?

Aronte.

Il faut souffrir toujours, ou déguiser comme elle.

Lysandre.

Que de raisons, Aronte, à combattre mon cœur,
Qui ne peut adorer que son premier vainqueur !
Du moins auparavant que l’effet en éclate,
Fais un effort pour moi, va trouver mon ingrate :
Mets-lui devant les yeux mes services passés,
Mes feux si bien reçus, si mal récompensés,
L’excès de mes tourments et de ses injustices ;
Emploie à la gagner tes meilleurs artifices.
Que n’obtiendras-tu point par ta dextérité,
Puisque tu viens à bout de ma fidélité ?

Aronte.

Mais, mon possible fait, si cela ne succède ?

Lysandre.

Je feindrai dès demain qu’Aminte me possède.

Aronte.

Aminte ! Ah ! commencez la feinte dès demain ;
Mais n’allez point courir au faubourg Saint-Germain.
Et quand penseriez-vous que cette âme cruelle
Dans le fond du Marais en reçût la nouvelle ?
Vous seriez tout un siècle à lui vouloir du bien,
Sans que votre arrogante en apprît jamais rien.
Puisque vous voulez feindre, il faut feindre à sa vue,
Qu’aussitôt votre feinte en puisse être aperçue,