Page:Corneille - Marty-Laveaux 1910 tome 2.djvu/93

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Pour punir comme il faut son infidélité,
Vous n’avez qu’à tourner la feinte en vérité.

Lysandre.

Misérable ! est-ce ainsi qu’il faut qu’on me soulage ?
Ai-je trop peu souffert sous cette humeur volage ?
Et veux-tu désormais que par un second choix
Je m’engage à souffrir encore une autre fois ?
Qui t’a dit qu’Hippolyte à cette amour nouvelle
Se rendrait plus sensible, ou serait plus fidèle ?

Aronte.

Vous en devez, monsieur, présumer beaucoup mieux.

Lysandre.

Conseiller importun, ôte-toi de mes yeux.

Aronte.

Son âme…

Lysandre.

Son âme… Ote-toi, dis-je ; et dérobe ta tête
Aux violents effets que ma colère apprête :
Ma bouillante fureur ne cherche qu’un objet ;
Va, tu l’attirerais sur un sang trop abjet.


Scène V


Lysandre.

Il faut à mon courroux de plus nobles victimes ;
Il faut qu’un même coup me venge de deux crimes ;
Qu’après les trahisons de ce couple indiscret,
L’un meure de ma main, et l’autre de regret.