Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/29

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ASPAR' — Seigneur, votre suffrage a réuni les nôtres :
Votre voix a plus fait que n'auraient fait cent autres ;
Mais j'apprends qu'on murmure, et doute si le choix
Que fera la princesse aura toutes les voix.

'MARTIAN' — Et qui fait présumer de son incertitude
Qu'il aura quelque chose ou d'amer ou de rude ?

'ASPAR' — Son amour pour Léon : elle en fait son époux,
Aucun n'en veut douter.

'MARTIAN' — Je le crois comme eux tous.
Qu'y trouve-t-on à dire, et quelle défiance... ?

'ASPAR' — Il est jeune, et l'on craint son peu d'expérience.
Considérez, seigneur, combien c'est hasarder :
Qui n'a fait qu'obéir saura mal commander ;
On n'a point vu sous lui d'armée ou de province.

'MARTIAN' — Jamais un bon sujet ne devint mauvais prince ;
Et si le ciel en lui répond mal à nos vœux,
L'auguste Pulchérie en sait assez pour deux.
Rien ne nous surprendra de voir la même chose
Où nos yeux se sont faits quinze ans sous Théodose :
C'était un prince faible, un esprit mal