Page:Corneille - Pulcherie, Luynes, 1673.djvu/57

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qu'ont vu d'illustre et la paix et la guerre
Aspire à ce grand nom de maître de la terre :
Tous regardent l'empire ainsi qu'un bien commun
Que chacun veut pour soi, tant qu'il n'est à pas un.
Pleins de leur renommée, enflés de leurs services,
Combien ce choix pour eux aura-t-il d'injustices,
Si ma flamme obstinée et ses odieux soins
L'arrêtent sur celui qu'ils estiment le moins !
Léon est d'un mérite à devenir leur maître ;
Mais comme c'est l'amour qui m'aide à le connaître,
Tout ce qui contre nous s'osera mutiner
Dira que je suis seule à me l'imaginer.

'IRÈNE' — C'est donc en vain pour lui qu'on prie et qu'on espère ?

'PULCHÉRIE' — Je l'aime, et sa personne à mes yeux est bien chère ;
Mais si le ciel pour lui n'inspire le sénat,
Je sacrifierai tout au bonheur de l'état.

'IRÈNE' — Que pour vous imiter j'aurais l'âme ravie
D'immoler à l'état le bonheur de ma vie !
Madame, ou de Léon faites-nous un César,
Ou portez ce grand choix sur le fameux Aspar :
Je l'aime, et ferais gloire, en dépit de ma flamme,
De faire un maître à tous de celui de mon âme ;
Et pleurant pour le frère en ce grand changement,
Je m'en consolerais à voir régner l'amant.
Des deux têtes qu'au monde on me voit les plus chères,
Élevez l'une ou l'autre au trône de vos pères :
Daignez...

'PULCHÉRIE' — Aspar serait digne d'un tel honneur,
Si vous pouviez, Irène, un peu moins sur son cœur.
J'aurais trop à rougir si sous