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SUR LES COMEDIES xcv

trop ingénue, qui nuirait à la réputation de leur esprit. Eu rieu ils ne sont extrêmes, et s'ils s'emportent parfois à une émotion plus vive, ils se hâtent de la corriger par un sourire.

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PART DE LA TRAGI-COMÉDIE ET DE LA TRAGÉDIE.

.\u fond, les comédies de Corneille ne sont pas trè? franche- ment comiques. On distingue, eu généra!, parmi elles, deux tragi- comédies pures, Clitandre et \ Illusion; c'est trop restreindre la part de la tragi-comédie dans ce théâtre si complexe, où la tra- gédie même s'est fait déjà la sienne, où le roman tourne sou- vent au drame.

11 n'est pas étonnant que Hardy vieilli ait applaudi à l'heureux début du jeune Corneille, et jugé Mélite « une assez bonne farce >.. Son inQuence y est partout visible. J'y distingue plus visiblement encore l'influence de Rotrou, plus jeune que Corneille de quel- ques années, mais eotré plus tôt au théâtre. Doué d'une imagi- nation plus désordonnée que celle de son ami, Rotrou avait commencé, lui aussi, par imiter Hardy, et voici qu'à son tour Corneille imitait Rotrou. C'est un bien étrange monstre quf" VH//- ûocondriaque ou le Mort amoureux, et pourtant il s'y trouve un cinquième acte qui a dû inspirer le quatrième et le cinquième de Mélite. Comme le Cloridan de Rotrou, l'Éraste de Corneille devient fou par amour: comme lui, il apostrophe les divinités infernales en des vers qu'on aura peine à croire faits pour une comédie :

Je vous entends, grands dieux! c'est là-bas <pie leurs âmes Aax Champs-t,lysiens éternisent leurs flammes; C'est là-bas qu'à leurs pieds il faut verser mon sang; La teno à ce dessein m'ouvre son large flanf , Et jusqu'aux bords du Styx me fai't libre pjissage : . Je l'aperçuis déjà, je suis sur son rivage. Fleuve, dont le saint nom est redoutable aux Dieux, Et dont les neuf replis ceignent ces tristes lieux, N'entre point en courroux contre mon insolence, f' Si j'ose avec raes cris violer loasiieuco^, . r

i. Mélite, IV, 6.

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