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SUR LES COMEDIES ci

Ne reconnaît-on pas là ce luxe d'antithèses, ce cliquetis de mots un peu puéril qui ceuractéiiseront le- monologues de la tra- gédie cornélienne? Ne sont-ce que des ressemblances de forme? Et n'a-t-on pas le droit de dire que déjà la tragédie est eu germe dans celte comédie si facilement tragique ? Qu'on en juge par un exemple, emprunté â la Suivanle. La situation y est, au fond, aualooue à celle du Cid, car il s'agit de deux amants qui sont, ou plutôt se croient séparés par la volonté despotique d'un père. Sans doute Florame n'est pas Rodrigue; il n'est pas obligé de proToqui^r le père de Daphnis; il n'a pas à venger le sien, et pourtant le monologue de Florame débute comme celui de Rodrigue, et se continue de même :

Dépourvu de conseil comme de sentiment,

L'excès de ma douleur m'ôte le jugement

Crois-lu qu'aimant Daphnis, le titre de son père

Débilite ma force ou rompe ma colère?...

Tu mourras, et je veux, pour finir mes ennuit.

Mériter par ta mort celle où tu me véduis

Daphnis, à mes fureurs ma bouche abandonnée Parle d'ôter la vie à qui te l'a donnée!... Je condamne à l'instant ce que j'ai résolu: Je veux, et ne veux plus sitôt que j'ai voulu ; Je menace Géraste, et pardonne à ton père : Ainsi rien ne me venge et tout me désespère*.

Clindor est encore moins Polyeucle, et pourtant, dans sa prison, au début d'un monologue qui ne manque pas de chaleur, il s'écrie :

Aimables souvenirs de mes jeunes délices, etc.*.

« Ah! fortune ennemie! », s'écriera plus loin le même Clindor. C'est que uous sommes à la veille même du Cid. L'Illusion comique n'a pour nous que cet intérêt relatif, mais considérable encore : elle est de l'an 1636.

11 y a de tout dans l'Illusion comique : une part de féerie, "v comme dans Clitandre, une part de comédie, de tragi-comédie et de tragédie. On dirait qu'avant d'abandonner définitivement

1. La Suivante, IV, 8.

2. L'Illusion comique, IV, 7,

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