Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/153

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ÉTUDE SUR MÉDÉE cxli

N-isoIous doue pas le cadre du tableau, bien que Corneille lui- même lait fait eu écrivant les Desseins de la Toison d'or, où il se montre beaucoup plus préoccupé du décor que des personnages • et 11 est certain qne les personnages sont un peu écrasés par les décors. Qu on y regarde de près pourtant, ou s'apercevra que tel changement a vue, destiné, semble-t-il, au seul plaisir du regard, n est que le signe extérieur d'une péripétie morale. A ce point de vue, cette pièce à machiues est fort bien coupée. Dans le premier acte se révèle 1 amour de iMédée pour Jason ; dans le second -ML-dee est partagée entre cet amour et l'amour filial; le troisième et le quatrième nous montrent cet amour accru et exaspéré par

I arrivée soudaine duue rivale, et Médée se décidant enfin à fa- voriser Jason au .létrimeut de son père et de son pavs; au cin- qmeme acte, la victoire <le Jason est racontée, et Médée suit le vainqueur.

Cette brève analyse suflit à montrer qu'ici, plus que dans Médée

II y a unité d action et unité d'iutérèt. C'est que, dans l'intervalle! les cliefs-d œuvre ont paru, et que Corneille est en pleine posses- sion de son idéal, nettement conçu, fortement réalisé II est vrai que. dausja Toison, c'est la passion qui l'emportera, mais non sans combats. Ou est le devoir pour Médée? Fille elle doit préfé- rer les intérêts de son père à ceux d'un étranger. Mais ne s'a^it-il que d empêcher ou de favoriser la conquête d'une toison, même merveileuse? L'intérêt, en ce cas, semblerait assez mesquin- Corneille a voulu qu'il fût plus sérieux. Aète, roi de Colchos' n est pas seulement un petit despote asiatique, assez semblable au Créou de Mcdée, et, comme lui, gonflé de son importance :

11 ne faut pas ainsi se jouer des couronnes ;

On doit toujours respect au sceptre, à nos personnes.

11 a de graves motifs pour être ou paraître ingrat et pour refu- ser aux Argonautes le prix qu'ils réclament de leurs service. Ce Phryxus, que le bélier fabuleux a porté jusqu'en ses États, et'qui depuis y est mort, après avoir épousé Chalciope, la fille du roi a sœur de Medee, lui a révélé que du sort de la toison dépend le sort de son royaume. De là son trouble, quan.l Jason lui adresse sa requête importune. Pour .Alédée, ce n'est pas à ce mo- ment le bien de l'Ktat qui la préoccupe fort; ce qui lindic^ne cesl de voir cfue Jason sollicite cette récompense, et non pas "une autre, plus digne de lui, plus douce pour elle. Déjà elle aime Jason et se croit aimée; avec quelle joie, après son cœur, elle aurait donne sa main! Avec quelle sourde colère, seule avec lui elle laisse voir 1 amertume de sa déception :

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