Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/157

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ÉTUDE SUR MÉDÉE cxlv

est combattue? A une seule chose : à nous montrer les progrés "apides que fait [cette passion dans une âme encore honteuse et irémissante de se sentir vaincue. En vain elle essaye de se trom- per eile-même en trompant les autres : Junon, qui a pris la forme de sa sœur Chalciope, ne peut lui arracher l'aveu de son amour. Non, ellt; n'aime pas Jason, mais elle met son orgueil à empêcher qu'une autre l'aime et soit aimé :

��Je ne croirai jamais qu'il soit douceur égale A celle de se voir inimoier sa rivale.

��Elle entend se faire aimer sans se donner et se venger ensuite. Que cependant Jason se montre à ses yeux, son secret lui échappera aussitôt; tout la trahira, jusqu'à sa colère. Elle accusera J'abord, puis se hâtera de pardonner, à condition qu'il sacrifie une gloire dangereuse au bonheur paisible de vivre près d'elle, enfin maudira son obstination et de la prière passera vite à la menace ;

��Mais telle que je suis, crains-moi, si tu ne m'aimes.

Qu'importe encore? plus elle s'irrite, plus elle aime; et l'Amour qui apparaît soudain dans le palais de Vénus, fait entendre i. Jason que sa victoire est proche. Dès le début du cinquième acte, Aète, consterné, apprend cette victoire à la coustanle Hypsypile et à son infatigable soupirant, Absyrte :

��Nos taureaux sont domptés, nos gens d'armes déTaits...

— Quoi? son bras... ^ Oui, son bras, secondé par ses rlirirnies,

A dompté nos taureaux et défait nos gens d'armes.

��L'occasion est naturelle de renouveler les récits d'Apollonius d'Ovide, de Valerius Flaccus, de Sénèque; Corneille ne la laisse pas échapper, mais n'en abuse pas, et préfère, avec raison, ajouter quelques touches au caractère d'Aète. Dans son malheur, le vieux roi se défie de tout le monde, même do ses enfants, puis se repent de ses défiances, quand il entend V^idée, apparue dnus les airs sur un dragon, braver son amaut qui sapprête à enlever la Toison d'or, quand il la voit elle-même enlever la Toisor pié- cieuse ft l'arbre qui, sur l'ordre de la magicienue, (iiscrèteineul, « se retire derrière le théâtre ». Alors, orgueilleux, soulage pour

HÉMON. CoBN, {" VOL. i

�� �