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CXI. VI ETUDE SUR MEÛÉE

uo moment de ?a terreur, Aète parle sans trop d'effort le fi»^r laryase de don Diè^ue ;

��A ce digne courroui je reconnais ma fille : '

C'est mon sang dans ses yeux, c'est son aïeul qui brille.

Le triomphe de sa fille n'est-il pas le sien, et tous leurs com- muns ennemis ne sont-ils pas désarmés? Aux bravades de .Médée Jason ne répond que par des madrigaux découragés; le chaut divin d Orphée ne réussit pas à assoupir le dragon, que pour- siiivenl inutilement à travers les airs Zéthès et Galaïs, fils de Borée; la vapeur infernale qu'exhale la gueule du monstre con- traint ces héros » emplumés » à la fuite. C'est ce moment glori ux que Médée choisit pour faire éclater se? seatimeuts véritables. Dans ce dernier effort de son art elle n's.vait cherché qu"uue suprême salisfaction d'amour-propre; maintenant que l'honumir e^^t sauf, l'amour peut librement parler :

��Du pays et du sang l'amour rompt les liens,

Et les dieux de Jason sont plus forts que les miens.

��Au-dessus de la forêt épaisse, veuve de la Toison conquise, elli> dirige le vol de son dragon vers le navire Argo, entrevu au loiu sur le Phase. C'est à elle seule que les Grecs devront leur cou- quête elle peut aller vers eux la tête haute. Il y a quelque chose de vraiment tragique dans ce triomphe inattendu de la passion à l'heure où ou la croyait définitivement étouffée; mais il y a quelque chose de comique dans la satisfaction aveugle d'Aète, bientôt changée en inquiétude, puis en désespoir. Junon ne le console point en lui révélant qu'elle seule atout fait. Il invoque son père, le Soleil, dont le palais resplendissant s'ouvre devant ses yeux, et le Soleil, à son tour, invoque Jupiter, nouveau pré- texte à nous ouvrir un nouveau palais. Près du maître des dieux siège Juuun, qui intercède pour ses Argonautes. D'ailleurs, lupiter lui-même est impuissant à rompre l'ordre invariable du destin ; la Toison conquise, rien ne peut sauver de la ruine le royaume d'Aète, mais son trône sera relevé un jour. En altea- «iaat. il trouvera un refuge à Lemuos, dans les États d'Hypsipyle, «xri n'a plus aucune raison de repousser Absyrte, puisquede a perdu Jasnn. Cette féerie tragique ne pouvait finir autrement.

îl serait donc injuste d'apprécier comme uu drame ordinaire «ae nièce à grand spectacle, composée à l'occasion du mariag-^ ^H ro. et dp i-^ oa.:; des Pyrénées, jouée avec tant d'éclat, d'abord

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