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INTRODUCTrON 7

à Toir en lui la vive et pure image du Castillan parfait. »

Comment s'est opérée cette transfiguration? En quoi le Cid historique diffère-t-il du Cid légendaire ?

��II

LE CID DE l'histoire ET LE CID DE LA LÉGENDE.

M Le vrai Cid, dit Sainte-Beuve, ne ressemble presque eu en rien à celui de la légende K » IN"y a-l-il pas là quelque ex<^ géralion, et ne force-t-on pas à dessein l'antithèse, pour la rendre plus frappante ? Assurément, le Cid historique diffère du Cid légendaire ; mais ce ne sont pas des personnages op- posés; certains traits généreux du Cid légendaire se devinent déjà chez le Cid historique, eL ceiiains traits grossiers du Cid historique n'ont pas disparu tout à fait chez le Cid légendaire.

Qu'il faille placer eu 1026, comme le veut la Chronique du Cid, suivie par J. de Millier et Soulhey, ou en 1045, comme le veut Huber, la naissance du fils de Diego Laynez et de Tereza Rodriguez, il est certain que Rodrigue, mort en 1099, est un homme du xi^ siècle, dont il a les passions fougueuses et la moralité facile. Il est noble, car il descend des sages iNûno Rasura et Layn Calvo. dont les noms sont populaires dans toute la Castille, et sa mère est fille du comte Rodrigue Alvarez, gouverneur des Asturies. Au château de Bivar, près de Burgos, il fut élevé en soldat par son père, qui avait vail- lamment servi le roi Ferdinand 1^'.

C'est sous ce roi Ferdinand \" qu'il fit ses premières armes; son premier exploit, il l'accomplit contre les rois Maures, que tout d'abord il semble avoir servis lui-même sans scrupule, mais qu'il contraignit à se déclarer tributaires de la Castille pour leur royaume de Saragosse. Ecartons tous les autres détails, et ne voyons que celui-là : dès sa jeunesse, Rodrigue est l'adversaire et le vainqueur des Maures. Les Espagnols ne l'oublieront pas.

Jusque-là pourtant, il est moins un héros chrétien qu'un condottiere au service d'un prince dont il épouse les intt^têis et défend la cause, juste ou injuste. Il avait protégé Ferdinand contre son frère, Ramire d'Aragon, qui l'attaquait injuste ment; mais, lorsoue Sanche le Fort a succédé à Ferdinand, ii

i. Nouveaux Lundis, t. VII, p. JJ4.

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