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INTRODUCTION 99

que sa volonté dut plier sous une volonté plus forte, elle garda sa dignité intacte.

Voyez quelles précautions elle prend pour garantir l'impar- tialité de son jugement. C'est au scrutin secret qu'est nommée la commission de trois membres, chargée d'examiner à la fois le Cid et les Observations sur le Cid : Chapelain, Desmarets et l'abbé de Bourzeys sont élus. Mais le gros de l'ouvrage devait seul les occuper; pour le détail des vers, l'Académie en corps se le réservait, non sans avoir confié toutefois à Gom- bauld, à Cérizy, à Baro, le soin de rédiger des observations préliminaires, revues par Desmarets ensuite. Comme il était naturel, la première commission seule fit parler d'elle. Soumis à l'approbation du cardinal, le travail dont Chapelain était le principal rédacteur fut vu de près, annoté * par le maître, puis renvoyé par lui à l'Académie, avec prière d'y jeter « quelques poignées de fleurs », c'est-à-dire de polir le style, car la substance était jugée bonne. Peut-être n'eût-il pas été fâché qu'aux fleurs on ajoutât quelques épines.

Une seconde commission fut formée de MM. de Serizay, de Cérizy, de Gombauld et Sirmond. L'abbé de Cérizy, l'auteur de la iJétamorphose des yeux de Phiiis en astre, tint la plume. Il était fort estimé de ses contemporains, et le gazetier Loret, peu chiche, il est vrai, de compliments, lui fait cette oraison funèbre :

��Il excellait, sur toute chose,

Aux beaux vers, à la belle prose ».

��Richelieu goûtait peu cette belle prose-ià; il trouva, cette fois, que les fleurs étaient trop prodiguées et fît arrêter l'im- pression. Ici sans doute il avait raison, car rien ne prouve qu'il ait été, ici, guidé par son hostilité contre Corneille, dont il n'est pas sûr non plus que Cérizy fût le partisan déclaré, choisi exprès par l'Académie, dans son indépendance. L'académicien qui, par un puéril jeu d'esprit alors à la mode, prononçait un discours d'apparat contre la pluralité des langues, et qui n'alla plus à 1 Académie quand on n'y uarangua plus ', devait avoir le style pompeux, et Richelieu

1. On peut voir ce manuscrit à la Bibliothèque nationale, mais la plupart dM notes sont de la main de M. Citois, premier médecin de Richelieu.

2. Gazette du 6 juin 1654. On prétend que Cérizy aurait dit du Cid ^ • J«  Toudrais l'avoir fait. »

3. Lettre de Chapelain à Godeau, 14 Janvier 1639.

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