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iiO LE CID

phase de la querelle, dont Mairet est le héros malheureux. C'est à Mairet que Boisrobert adressait la lettre décisive qu'il lepi'iait de considérer « comme un ordre de Son Eminence « :

« Tant quelle n'a connu dans les écrits des uns et des autres quedes contestations d'esprit agréables, et des raille- ries innocentes, je vous avoue qu'elle a pris bonne part au divertissement; mais quand elle a reconnu que de ces con- jestations naissaient entin des injures, des outrages et des menaces, elle a pris aussitôt la résolution d'en arrêter le cours. Pour cet effet, quoiqu'elle n'ait point vu le libelle que vous attribuez à M. Corneille, présupposant par votre réponse, que je lui lus hier soir, qu'il devait être l'agresseur, elle m'a commandé de lui remontrer le tort qu'il se faisait, et de lui défendre de sa part de ne plus faire de réponse, s'il ne lui voulait déplaire ; mais d'ailleurs craignant que des tacites menaces que vous lui faites, vous ou quelques-uns de vos amis n'en viennent aux etîets, qui tireraient des suites ruineuses à l'un et à l'autre, elle m'a commandé de vous écrire que, si vous voulez avoir la continuation de ses bonnes grâces, vous mettiez toutes vos injures sous le pied et ne vous souveniez plus que de votre ancienne amitié, que j'ai charge de renouveler sur la table de ma chambre à Paris, auand vous serez tous rassemblés '. »

On cite d'ordinaire cette lettre comme une charge acca- blante contre Richelieu. Voyez, dit-on, comment le grand Corneille y est traité. Mais il faudrait savoir si la lettre adressée par Boisrobert à Corneille ne faisait pas les mêmes concessions complaisantes à l'auteur du Cid qu'à l'auteur de Sophonisbe. Le cardinal impose silence à tous deux sans dis- tinction, et pourquoi? parce que des discussions théoriques et paisibles on a passé aux discussions personnelles et inju- rieuses. Rien n'autorise à penser que ce ne soit pas la vraie pensée de Richelieu, le vrai secret de sa conduite, car nulle part on ne voit qu'il ait directement excité contre Corneille la guerre odieuse des libelles; partout, au contraire, on le voit réclamer sur ou contre le Cid, comme on voudra, un jugement calme et réfléchi.

d'est Boisrobert qui ajoute ensuite, pour son propre compte : « Jusqu'ici fai parlé par la bouche de Son Eminence ; mais pour vous dire ingénument ce que je pense de toutes vos pro- cédures, j'astime que vous avez suffisamment puni le pauvre M. Corneille de ses vanités, et que ses faibles défenses ne de- mandaient pas des armes si fortes et si pénétrantes que les

1. Lettre da S octobre 1«37.

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