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INTRODUCTION 115

Sopt-ce là des imitations, ou des rencontres fortuites, ou des réminiscences d'entretiens et de travaux communs? On ae sait, car les dates exactes sont incertaines; il est cerlait pourtant qu'en des pièces postérieures de Rotrou les em- prunts inconscients abondent.

Voici comment, dans les Captifs (1638), deux amants, Tyn- dare et Philénie, réunis après bien des traverses, se félicitent de leur bonheur :

��Tyndare! — Philénie! —Eh! qui l'eût espéré?

Quel bonheur m'est rendu! — Quel bien m'est préparé *I

N'est-ce pas la coupe, sinon le sentiment, de l'immortel duo des amants au III* acte du Cid? et don Alvare, dans Célie (1645) n'est-il pas de la famille de Rodrigue:

Je pardonne à mon sang; mais tout autre qu'un frère... » T

Pourtant, alors que les critiques de Scudéry et de l'Acadé- mie rejetaient Corneille vers la tragédie classique, Rotrou de- meurait fidèle à la tragi-comédie, et son exemple contribua peut-être à y ramener son ami plus tard.

Ce n'est pas Rotrou, en tout cas, qui eût jamais songé à continuer ou à refaire le Cid, tâche ridicule que s'imposèrent trois auteurs bien oubliés aujourd'hui, Ghillac, Urbain Chevreau et Desfontaines.

Timothée de Chillac était juge des gabelles pour Sa Ma- jesté à Reaucaire. Selon les frères Parfaict, sa tragi-comédie. L'ombre du comte de Gormas et la mort du Cid ^, ne fut jamais représentée.

« Il est difficile de décider si la conduite et le plan ne sont pas enr-ore au-dessous de la versification, qui est tout à fait pitoyable. L'ombre du comte de Gormas apparaît à sa fille, et la menace de l'arrivée d'un fils qu'on avait cru mort. Ce brave frère de Chimène arrive, tue Rodrigue, combat les Mau- res, ou les Perses, car il n'importe pas, dit l'auteur, et épouse l'infante. Veut-on voir un échantillon de la poésie ? Chimène au commencement de la pièce, se plaint d'être tourmentée

1. Captifs.V, «.

2. Célie, III, 8.

3. Imprimée en 1639, chez BiUaine et de Lnyne, et dédiée au cardinal d» Richelieu.

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