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INTRODUCTION 135

Qui ne se souvient ici de Chimène aux pieds du roi Fernand? Qui ne reconnaît de même le duo de Rodrigue et de Chimène, dans la scène où don Sanche offre sa vie à Estreile, mais refuse de justifier, d'expliquer même sa conduite?

J'ai mérité la mort.

Frappez. Quelque bonheur finit du moins mon sort...

— Bustos n'est plus, je pleure avec son assassin I

— Vengez-le bien plutôt. — Je le devrais sans doute.

— Suivez votre devoir, imitez Sanche, — Ecoute : Il faut nous séparf-r à l'instant, je le dois.

Je deviens criminelle alors (jue je te vois.

Un seul instant de plus, et je suis ta complice...

Je saurai t'oublier, mais ne puis te punir.

Elle le condamne pourtant à mort, car c'est à elle que le roi, pris de remords, a livré le meurtrier, espérant que son amour vaincra son devoir. Mais c'est qu'elle soupçonne la vérité qu'on lui cache, et qu'elle veut l'arracher tout entière au roi. Elle réussit; à quoi bon? Le roi confesse publique- ment sa faute; les deux amants se rapprochent : « Sanche i — Estreile! », puis s'écartent l'un de l'autre avec effroi. Dès lors la résolution d'Estrelle est prise et elle y persévérera.

Du devoir un moment j'ai pu me détourner ; Mais la sœur de Bustos ne peut pas pardonner. Nous ne saurions penser sans crime l'un à l'autre.

Un cloître va la recevoir; quant à don Sanche, il saura mourir en combattant les Maures, contre lesquels marche le roi, repentant de ses folies. Ce dénouement est curieux, en ce qu'il est la contre-partie de celui du Cid. Bien que l'auteur ne 1 ait point dit dans sa préface, il est probable qu'il a été séduit par cette idée : placer les deux amants dans la situa- tion où se trouvent Chimène et Rodrigue, les séparer d'abord par uni' catastrophe, les rapprocher ensuite, puis les séparer encore, et, cette fois, pour toujours. Ce dénouement semble plus logique, plus héroïque même, car Estreile accomplit jusquau bout son devoir; peut-être est-il moins humain.

Plus encore que Pierre Lebrun, Casimir Delavigne' s'est souvenu du Cid, dont sa pièce semble n'être qu'une « suite »

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