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156 LE CID

sur les murs et sur le port; mais il est inexcusable de n'y donner aucun ordre après leur arrivée, et de laisser tout faire à Rodrigue. La loi du combat, qu'il propose à Cbimèae avant que de le permettre à don Sanche contre Rodrigue, n'est pas si injuste que quelques-uns ont voulu le dire, parce qu'elle est plutôt une menace pour le faire dédire de la demande de ce. combat, qu'un arrêt qu'il lui veuille faire exécuter. Cela parait en ce qu'après la victoire de Rodrigue il n'en exige pas précisément l'etTet de sa parole, et la laisse en étal d'espérer que cette condition n'aura ooint de lieu. Je ne puis dénier que la règle des vi;,gt et .,'ua^rb heures

Presse trop les incidents de cette pièce. La mort du comte et arrivée des Maures s'y pouvaient entresuivre d'aussi près qu'elles font, parce que cette arrivée est une surprise qui n'a point de communication, ni de mesures à prendre avec le reste; mais il n'en va pas ainsi du combat de don Sanche, dont le Roi était le maître, et pouvait lui choisii un autre temps que deux heures après la fuite des Maures. Leur défaite avait assez fatigué Rodrigue toute la nuit pour nîériter deux ou trois jours de repos; et même il y avait quelque apparence qu'il nen était pas échappé sans blessures, "i'joique je n'en aie rien dit, parce qu'elles n'auraient fait que nuire à la con- clusion de l'action.

Cette même règle presse aussi trop Chifi.^ue de aemander justice au Roi la seconde fois. Elle l'avaii îiit le soir d'aupara- vant, et n'avait aucun sujet d'y retourner le lendemain matin pour en importuner le Roi, dont elle n'avait encore aucun lieu de se piccladre, puisqu'elle ne pouvait encore dire qu'il lui eût manqué de promesse. Le roman lui aurait donné sept C-: u'.v<* y uis de patience avant que de l'en presser de nou- veau ; mais les vingt et quatre heures ne l'ont pas permis : c'est l'incommodité de la règle.

Passons à celle de l'unité de lieu, qm n-a pas donné moins de gêne en cette pièce. Je l'ai placé dans Séville, bien que Don Fernand n'eu ait jamais été le maître; et j'ai été obligé à cette falsification, pour former quelque vraisemblance à la descente des Maures, dont l'armée ne pouvait venir si vite par (erre que par eau. Je ne voudrais pas assurer toutefois que • e ilux de la mer monte etïectivement jusque-là', mais, •omme dans notre Seine, il fait encore plus cle chemin qu'il ne lui en faut faire sur le Guadalquivir pour battre les mu- railles de cette ville, cela peut suffire à fonder quelque pro-

1. « Corneille aurait pu l'affirmer. Madoz dit que le flux se fait aentir juaqii dix ou douze lieues au-dessus de Séville. » (Marty-Laveaux.)

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