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174 LE CID

A l'honneur qu'il m'a fait ajoutez-en un autre ; 465

Joignons d'un sacré nœud ma maison à la vôtre : Vous n'avez qu'une fille, et moi je n'ai qu'un fils ; i.eur hymen nous peut rendre à jamais plus qu'amis : Yaites-nous cette grâce, et l'acceptez pour gendre.

LE COMTE.

A des partis plus hauts ce beau fils doit prétendre, 170

Et le nouvel éclat de votre dignité Lui doit enfler le coeur d'une autre vanité. Exercez-la, monsieur, et gouvernez le prince. Montrez-lui comme il faut régir une province.

Et, sonmettant lear sens au pouvoir des couronnes, Qnellegqne soient les lois, croire qu'elles sont bonnes.]

(Rotrou. Antigone, Vf, t.)

La volonté des rois par l'effet seul s'explique :

On suit leur passion injuste ou tyrannique.

Et toujours un sujet se porte justement

A l'exécution de leur commandement. (Rotron, Beurttix naufrage, V.i.)

Ce n'est pas une raison pour croire Corneille et Rotrou partisans de l'abso- lutisme monarchique, pas plus que pour croire l'auteur de Cinna républicain, parce qu'il prête une fierté toute républicaine à son Emilie. 11 prête à chacun le langage qui lui convient.

, 1S5. Va7'. A l'honneur qu'on m'a fait ajoutez-en nu uire. (1660-63.)

166. D'un sacré nœud. Cette construction de l'adjectif avant le substantif est très fréquente chez Corneille et Racine. Dans Esther, Zarès dit à son mari, Aman :

An nom da tacré nœud qai me Ue avb« voui .... (UI, 1.)

De raème, Corneille dit couramment : certaines nouvelles, conjugal anmir, contraire parti, général effort, nuptial Qambeau, etc.

167. Var. Rodrigue aime Chimène, et ce digne sujet

De ses affections est le plus cber objet :

Consent«z-y, Monsieur, et l'acceptez pour gendre...

— A de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre. (1637-M.)

170. Beau fils, expression de comédie, mais qui n'est point ici déplacée, quoi qu'en dbe Voltaii'e. Cette ironie familière ne prête pas au sourire, quand on songe que le bonheur de Chimène et de Rodrigue est en jeu. Quel tragique solennel et tendu rêvait donc Voltaire ?

172. Var. Loi doit bien mettre au cœur une antre vanité. (1637-66.)

173. Nos anciens poètes, dit M. Martv-Laveaux, se servaient sans scrupule de Monsieur dans leurs tragédies. Vers le temps de Corneille, le mot parut t"""» peu noble, et Corneille le corrigea en quelques endroits de ses premières piècfc„, mais il ly laissa dans le vers du Cid, et il fît bien.

174. Vaugelas condamnait comme pour comment, mais seulement pour comment interrogatif. Sans admettre cette distinction, Corneille écrit éga- leiuent :

Comme a-t-elle re(;u les offres de ma flamme ? [Pompée, 953.]

Un coinr né pour servir sait mal comme on commanda. {Ibid., Htl.)

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