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ACTE I. SCÈNE 175

Faire trembler partout les peuples sous sa loi, 175

Ueiiiplir les bons d'amour et les mécbants d'effroi.

loignez à ces vertus celles d'un capitaine :

Montrez-lui comme il faut s'endurcir à la peine,

Dans le métier de iMars se rendre sans égal,

Passer les Jours entiers et les nuits à cheval, 184

Reposer tout armé, forcer une muraille,

Et ne devoir qu'à soi le gain d'une bataille.

Instruisez-le d'exemple et rendez-le parfait,

Expliquant à ses yeux vos leçons par l'effet.

D. DIÈGUE.

Pour s'instruire d'exemple, en dépit de l'envie, 185

11 lira seulement l'histoire de ma vie.

Là, dans un long tissu de belles actions,

Il verra comme il faut dompter des nations,

Attaquer une place, ordonner une armée,

Et sur de grands exploits bâtir sa renommée. 190

176. Dans le Remerciment au roi, daté de 1663, Corneille a reproduit tex- tnellement ce vers :

On te Toyait dès lors, à toi senl eomparable, Faire éclater partout ta conduite adorable. Remplir les bons cCamour et tes méchants tteffroi.

181. Forcer, prendre par force. « Je crains qu'on ne la force, » dit Félix en parlant de la prison de Polyeucte (1075).

183. Yar. Instmlsez-le d'exemple, et vous ressouvenez

Qa'il faut faire à ses yeux ce que tous easeigoez. (1637-66.)

Bf exemple, par TOtre exemple ; de était alors très sourent employé au lien de par:

Ce qa'il ne peut de force, il l'entreprend de rose. (Polyeucte, 1196.)

L'Académie a donc tort de juger cette tournure incorrecte.

184. L'effet, c'est la réalité opposée aux leçons, c'est-à-dire aux paroles, qui restent vaines si elles ne sont pas suivies d'action. Il est à peine besoin de remarquer que tout ce passage est ironique : le comte exige précisément de don Diègue ce que don Diègue est hors d'état de faire, et ce qu'il eût fait lui- même si on l'avait choisi. 11 croit peu à l'efBcacité des conseils, beaucoup i celle des exemples , or don l>iè$fue ne peut offrir au prince que les exemples de sa vie passée.

187. Vor. Là, dans nn long tissa des belles aetions. (1639 et 44 in-4<>.)

189. Yar. Attaquer une place et ranger une armée. (16G0-64.)

  • Ordonner une armée, ce n'est pas bien parler français, quelque sens qu'oa

lui veuille donner, et ne signifie point, ni mettre une armée en bataille, ai établir dans une armée l'ordre qui y est nécessaire. » (Académie.) — « Puis- qu'on ne peut rendre ce mot que par nne périphrase, il vaut mieux que la périphrase ; il répond à ordinare, il "'i \id= énergique (\o'arrauger, disposer.» (Voltaire ) Ce qui est plus décisif uucure, ajoute M. Marty-Laveaux, c^st que l'expression a existé de tiut temps et qu'elle appartient à la fois à la langue des militaires et à celle des bistorleos. On lit dans le Dictionnaire de Nicot :

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