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186 LE CID

Je dois à ma maîtresse aussi bien qu'à mon père : J'allire en me vengeant sa haine et sa colère ; J'allire ses mépris en ne me vengeant pas. A. mon plus doux espoir l'un me rend intidèle, 325

Et l'autre, indigne d'elle. Mon mal augmente à le vouloir guérir;

Tout redouble ma peine. Allons, mon âme ; et, puisqu'il faut mourir, Mourons du moins sans offenser Chimène. 330

Mourir sans tirer ma raison !

��322. « Je dois est trop vague; il devrait être déterminé à quelque chose qui exprimât ce qu'il doit. » (Académie). Bien que Corneille, en ce qui est de c«  vers, n'ait pas suivi Favis de l'Académie, il a corrigé plus loin le vers 342. M. Littré cite un exemple du verbe devoir à, pris absolument pour ; être obligé envers quel- qu'un ; « Ressouvenez-vous que, hors d'ici, je ne dôù plos qu'd mon honneur. » {Don Juan, lll, 5).

323. Var. Qni venge cet affront irrite sa colère,

Et qni peat le souffrir ne le mérite paa. Prévenons la doulear d'avoir failli contre ella,

Qni nons serait morielle. Tout m'est fatal, rien ne me peut -'nérir.

Ni soulager ma peiae. ;i637-B6.)

327. Au vers 78, nous avons déjà ru à snivi de l'infinitif employé pour en suivi du participe présent, et nous en verrons de nouveaux exemples (aux vers 434 et 1488.

329. Comme tant d'autres amoureux du théâtre de ce temps, Rodrigue meurt ici « par métaphore ». Le « père n de Corneille, Rotrou se moque spirituellement de ces martyrs,

Qni, moarants, langnissaats, et si près de lenr fin, Ressoscitent le soir de la mort da matin... Tels sont des amnureax les discours ordinaires; Ils réclament toajours ces moits imaginaires : Mais tel qai nons parait la souhaiter le plas. Ne la demande point, qu'assuré da refus.

Voyei l'Introduction de notre Théâtre choisi de Rotrou. — Ici, ces épigrammes, sans porter tout à fait à faux (car Rodrigue parle le langage du temps), seraient déplacées : la situation de Rodrigue est trop vraiment tragique et son désespoir est trop sincère pour qu'on soit tenté d'en sourire. Voltaire pourtant s'égaye aux dépens de l'hémistiche allons, mon âme, mais il est clair, comme l'observe M. Marty-Laveaux, <\\x allons ne peut se prendre dans la rigueur de sa signifi- cation et n'équivaut nullement à marchons. Déjà Scudéry avait blâmé cette expression; l'Académie l'avait approuvée, mais en critiquant allons, mon bras, au vers 339. C'était manquer de logique, et pourtant l'apostrophe semble moins ».aturelle dans ce second exemple.

331. Sans tirer ma raison, sans me venger. « Une des locutions où apparaît (e mieux l'aisance heureuse qu'on avait dans la vieille bonne langue de vnrier ît de nuancer l'expression, c'est la locution tirer raison et faire raison. On disait, comme aujourd'hui, tirer raison, mais on disait encore, avec l'adjectif possessif, tirer sa raison, avoir sa raison: u J'en aurai toujours ma raison». (Rémi Belleau.) « Ha! j'en aurai ma raison!» (Larivey.) Plus habituellement on dlMit, tans l'aajectif possessif, tirer la raison de :

fomr tirtr la raiton de la mort d'Enceltde (Racut.)

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