Page:Corneille Théâtre Hémon tome1.djvu/369

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ACTE II, SCÈNE II t« 

Connais-tu bien don Diègue?

LK COMTE.

Oui.

D. BODRIGUE.

Parlons bas, écoute. Sais-tu que ce vieillard fut la même vertu, La vaillance et l'houneur de son temps? Le sais-tu? 400

LE COMTE.

Peut-être.

D. RODRIGUE.

Cette ardeur que dans les yeux je porte, Sîiis-tu que c'est son sang? Le sais-tu?

LE COUTE.

Que m'importe?

D. RODRIGUE.

A quatre pas d'ici je te le fais savoir.

398. Ce parlons bas semble plus naturel dans l'espagnol, ou la querelle s'en- gage devant une nombreuse assistance; chez Corneille, ce n'est pas seulement une précaution utile, carie roi n'est pas fort loin, c'est aussi un trait de carac- tère. Rodrigue a déjà, on le sent, avec la bravoure, la possession de soi qui fait- le vrai héros; il veut faire son devoir, mais ne veut pas annoncer bruyamnaentà tous qu il le fait.

399. La même vertu, la vertu même, comme au vers 1388. Corneille et ses con- temporains mettent le même tantôt avant, tantôt après le substantif, et disent : la même laideur, la même innocence, la même équité, pour : la laideur, l'inno- cence, l'équité même.

Ce que TOUS m'ordonnex est la même juttiee. {Pompée, 388.) Dans Médée (II, 2), on trouve les deux formes réunies en un «eut vert, laM qu'on puisse distinguer entre elles :

Ah! Vinnocence même et la même candeur I Il n'y a même pas là de licence poétique. De grands prosateurs M sont cru permis cet emploi de même avant le substantif : « La même vérité y reluit partout. » (Bossuet, Hist.. II, 6.) — « Vouloir tirer de la vertu tout autre avantage que la même vertu, ce ne serait plus être vertueux. » (La Bruyère, De l'Homme.) i. Le temps vient où La même nature prend soin d'éclairer son élève, r J.-J. Housseau, Emile, IV.) — \ertu est ici pris dans son sens latin de tnWtu, x>urage, mérite vaillant, comme au v. 1296.

402. u Une ardeur ne peut être appelée sang, par métaphore, ni autrement. » académie). — « Si un homme pouvait dire de lui qu'il a de l'ardeur dans 1* eux, y aurait-il une faute à dire que cett-- ardeur vient de son père, que c'est il sang de son père? N'est-ce pas le sang qui, plus ou moins animé, rend les yeui ▼ifs ou éteints? » (Voltaire ) Au reste, ce vers est préparé et expliqué d'avance par les vers il et 28 ; voj ez la note. Dans la Toison d'or, le vieil Aète s'écrie •«  Oitemplant Medee triomphante :

C'aat non Mug dans las yeox, c'est son ûenl qai brille. (V, 4 )

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