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ACTE 11, SCÈNE II 197

Les palmes donl je vois la tête si couverte

Seml)lent porter écrit le destin de ma perte.

J'attaque en téméraire un bras toujours vainqueur; 4l'j

Mais j'aurai trop de force, ayant assez de cœur.

A qui venge son père il n'est rien impossible.

Ton bras est invaincu, mais non pas invincible.

  1. LE COUTE.

Ce grand cœur qui paraît aux discours que tu tiens.

Par tes yeux, chaque jour, se découvrait aux miens ; 420

Et croyant voir en toi l'honneur de la Castille,

Mon âme avec plaisir te destinait ma fille.

Je sais ta passion, et suis ravi de voir

Que tous ses mouvements cèdent à ton devoir,

Qu'ils n'ont point affaibli cette ardeur magnanime, 425

Que ta haute vertu répond à mon estime,

Et que, voulant pour gendre un cavalier parfait,

tissement de ton nom. Bruit est très souvent pris chez les tragiques pour renommée. "^

413. Var. Mille et mille laoners dont ta tète est couverte. (1637-66.)

416. Ayant assez de cœur, puisque j'ai assez de courage.

417. Tournure très vive et que Rotrou employait aussi familièrement :

A qui possède an charme il n'est rien d'impossible.

(Heureux naufrage, IH, 4.) La devise de Jacques Cœur était : « A vaillant cœur rien impossible > Jiien mpotsible, et non rien d'impossible. Corneille employait les deux tournures ïue Vaugelas autorisait également, tout en préférant rien de avant l'adjectif. ' Seigneur, réglez «i bien ce violent courroux Qu'il n'en échappe rien trop indigne de vous. (Théodore, 1370.) Il n'est rien d'impossible à la valeur dan houune Qui rétablit son maître et triomphe de Rome. (Suréna, 849.)

418. A l'inverse de Furetière, qui condamne le mot invaincu et le juire à peine supportable en poé.sie p.ir opposition à invincible. Voltaire écrit : •, (Je mot in- vaincu n'a point été employé par les autres écrivains; je n'en vois aucune rai- son; il signiQe autre chose qu indompté : un pays est indompté, un guerrier est invaincu. Corneille l'a encore employé dans les Horaces (v. 1013) il v a un dictionnaire ou il est dit que invaincu est un barbarisme. Non, c'est un terme hasardé et nécessaire. » M. Guizot dit aussi : « Les mots devenus nécessaires ou soutenus par une invention heureuse, surent bien se faire place dans le Dic- tionnaire, et, en attendant cette place, Vinvaincu de Corneille passa dans la poésie ou personne n eut osé le oondu.nner. .. (Corneille et son temps). Ce mot n'est oas comme le pensent Voltaire et M. Guizot, inventé par Corneille, qui en wut cas, 1 a employé d'abord au vers 235 de l'Illusion. MM. Godefroy et Marty- Laveaux, dans leurs Lexiques, en citent des exemples empruntés à Merlin Coc- caie au Loyal Serviteur, à Amyot, d'Aubigné, d'Urfé, Saint-Amant, Scarron.

419. Aux discours, dans les discours; voyez le vers 405.

4i4. Mouvement, se dit au ivii* siècle de tous les sentimenfa passionnés ont Ébranlent puissamment l'âme. ^

427. Var. Et que, Tonlant pour gendre an chevalier ii«rfait.

(1637. in ♦•,»,»»•»*».} Voyex la note du vers 8i, sur cavalier et chevalier.

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