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ACTE 11, SCENE VI 209

D. SANCHK.

Qu'une âme accoutumée aux grandes actions

Ne se peut abaisser à des submissions :

Elle n'en conçoit point qui s'expliquent sans honte, 583

Et c'est à ce mot seul qu'a résisté le comte.

il trouve en sou devoir un peu trop de rigueur,

Et vous obéirait s'il avait moins de cœur.

Commandez que son bras, nourri dans les alarmes,

Répare cette injure à la pointe des armes ; 590

Il satisfera. Sire, et vienne qui voudra,

��der à dire deux mots en sa défense. « (Académie.) ■ Cette scène parait presque aussi inutile que celle de l'infante ; elle avilit d'ailleurs le roi, qui n'est point obéi. Âpres que le roi a dit : Taisez-vous, pourquoi dit-il, le moment d'après : Parlez, et il ne résulte rien de cette scène. » (Voltaire.) La critique qui porte sur lit scène entière est peut-être juste ; i'est-elic autant en ce qui roncerne le caractère du roi qui, précisément, nous est toujours montré assez hésitant et débonnaire? Il a imposé silence à don Sancbe, mais don Saucfae, en dérlarant qu'il obéit, demande à dire deux mots seulement. Comment le lui refuser? Encore la réponse du roi est-elle une interrogation plus qu'un consentement, l'alissot va même jusqu'à justifler la scène entière, qui annonce le caractère audacieux et la confiance présomptueuse du jeune don Sancbe.

Var. ... Et que poorrez-TOus dire? (1637, io-4«, 38 et 3t-68.)

S84. Submitsions, pour soumissions ; voyez la note du Ters 359. On sait déjà eombien Corneille aime ces pluriels des noms abstraits.

586. Var. Et c'est contre ce mot qa'a résisté le comte. (1637-B6. )

Suivant l'Académie, « résister contre un mot n'est pas bien parler français ». La critique est au moins contestable, car Froissart écrit bien : « Il ne pouvait mie résister contre eus », et la Fontaine nous peint le roseau qui résiste contre les coups épouvantables des tempêtes. Elle prouve cependant que la tournure résister à était déjà préférée.

588. « Don Sanche pèche fort contre le jugement en cet endroit, d'oser dire au roi que le comte trouve trop de rigueur à lui rendre le rcspert qu'il lui doit, et encore plus quand il ajoute qu'il y aurait de la làcbelé à lui obéir.» (Académie). — « Qu'on fasse attention aux mœurs de ce temps-là, à la fierté des seigneurs, au peu de pouvoir des rois, et l'on verra que ceux qui rédigèrent ces remarques avaient une autre idée de la puissance royale que les guerriers du xui* siècle. » (Voltaire.)

589. « On ne peut dire un bras nourri dans les alarmes, et il a mal pris en ce lieu la partie pour le tout. » (Académie.) L'observation est juste en elle-même, pourtant il ne faut pas oublier que bras, chez les poètes, est souvent pris au figuré •n parlant du courage d'un guerrier, par suite du guerrier lui-même :

Pleure, pleure ce bra* qni t'a si bien servi. {Pertkarite, 1769.)

Un bras nourri dans les alarmes signifie donc : un valeureux soldat élevé ai iniliea des combats.

590. A la pointe de Vépée est aujourd'hui plus usité qu'à .'a ptinte des mrmes.

591. Satisfaire est ici pris absolument, pour donner satisfaction, offrir une réparation; cet emploi du verbe satisfaire est rare: M. Littré cite pourtant des «xeraplet analogues de Bossue' tt de Flccl9lfi&.

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