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250 LE CID

Sa main les a vaincus, et sa main les a pris.

CHlllÈNE.

De qui peux-tu savoir ces nouvelles étranges?

ELVIRE,

Du peuple, qui partout fait sonner ses louanges.

Le nomme de sa joie et l'objet et l'auteur, 1115

Son ange tutélaire et son libérateur.

CHIMÈNE.

Et le roi, de quel œil voit-il tant de vaillance?

ELVIRE.

Rodrigue n'ose encor paraître en sa présence ;

Mais don Diègue ravi lui présente enchaînés,

Au nom de ce vain(jueur, ces captifs couronnés, 1120

Et demande pour grâce à ce généreux prince

Qu'il daigne voir la main qui sauve la province.

CHIMÈNE.

Mais n'est-il point blessé?

ELVIRE.

Je n'en ai rien appris.

1113. Ces nouvelles étranges, extraordinaires, merveilleuses, ces « miracles » ; le sens d'étrange s'est un peu modifié et alTaibli depuis; voyez la note du vers 841.

1114. Fait sonner ses louanges, c'est-à-dire tout à la fois, au propre, fait retentir ses éloges de toutes parts, et, figurément, exalte ses exploits, comme nous disons faire sonner bien haut.

Elle fait bien sonner ce grand amonr de mère. (Bodogune, 73E.) « Du peuple/ Voilà bien le grand Corneille, le grand poète légèrement igueur! 11 entend parler le peuple à la cour même de Louis XIII et du cardinal de Richelieu. » (J. Janin, Cours de litt. dram., IV.) Pure déclamation : Cor- neille ne fut jimais ligueur, et pour cause; il ne fut même pas frondeur, puis- qu'il prit pendant la Fronde la place d'un magistrat frondeur au Parlement de Normandie. Quant au peuple, il ne pouvait l'entendre parler à la cour ; le peuple, c'est ici la renommée publique.

1120. Chez Castro, c'est un de ces captifs qui fait au roi le premier récit di combat.

112J. Yar. Qn'il daisne voir la main qui sauve sa province. (i637-B6.) La province, c'est l'État tout entier, et non pas seulement, comme on pourrait le croire, une portion du royaume Corneille emploie souvent le mot province en ce, sens, et Rofrou érrit plus souvent encore « toute la province » pour « tout l'Etat » ; Ipbigénie dit chez lui à son père :

Vous m'avez engendrée a tonte la province. {Iphigéme, IV, 6.)

Il dit même : « nourri, pour la province » dans le leni, plus reowrquable, é$ élevé pour gouverner l'Etat

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