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280 LE CID

Vdieu. Ce mot lâché me fait rougir de honte.

D. RODRIGUE, seuL

Est-il quelque ennemi qu'à présent je ne dompte?

Paraissez, Navarrois, Mores et Castillans,

Et tout ce que l'Espagne a nourri de vaillants; 1560

Unissez-vous ensemble et faites une armée

Pour combattre une main de la sorte animée :

Joignez tous vos efforts contre un espoir si doux ;

Pour en venir à bout, c'est trop peu que de vous.

uue partie essentielle de ce poème. Mais, en récompense, la considérant à part et détachée du sujet, la passion qu'elle contient nous semble fort bien touchée et fort bien conduite, et les expressions dignes de beaucoup de louange. » C'esl le contraire qui est Trai : cette scène et ce mot valent surtout par le rapport étroit qu'ils ont avec l'action, dont ils marquent une phase décisive, et avec les caractères, dont le développement logique aljoutit à ce coup de théâtre.

1557. « Le mot en est lâché, » dit aussi Rodogune (111, 4). Mais Rodoguno n'est pas loin d'être criminelle ; Chiuiène a fait son devoir jusqu'au bout, et c'est la plus pure, la plus irrésistible des passions qui lui arrache ce cri dont elle rougit aussitôt. Quoi qu'en pensent Scudéry et l'Académie, cette honte est naturelle et l'honore au lieu de l'avilir.

1559. <• Je oe sais pourquoi on supprime ce morceau dans les représentations. Paraissez, Navarrais, était passé en proverbe. Cet enthousiasme de valeur et d'espérance messied-il au Cid encouragé par sa maîtresse ? >• (Voltaire.) Ce morceau n'est plus, et, d'ailleurs, ne saurait être supprimé au théâtre ; Rodri- gue, qui attendait ce mot de Chimène, qui a tout fait pour l'obtenir, peut-il res- ter silencieux? On ne le comprendrait pas. Il est vrai que, dans son Examen, Corneille lui-même semble condamner en partie cette scène; mais Corîieille vieilli n'était plus le jeune et audacieux auteur du Cid. 11 est vrai aussi que cet enthousiasme juvénile, un peu castillan, a été parfois exagéré par des acteurs qui travestissaient Rodrigue eu malrimore et agitaient leur épée nue avec des gestes et des éclats de voix démesurés. Dans l'ouvrage qu'il a écrit sur son art, un acteur moderne, Samson, donne à ce sujet d'utiles conseils aux Rodrigues de théâtre :

Mais gne, dans ce moment, don Qaicholle nouTean, II n'aille pas tirer son glaive du fourrean. Il est seul; à quoi bon la valeur soiiiaire? Pour tirer votre épée, ayez un adversaire. On, do fou do la Manche émulateur fervent, Qae devant lui l'actear ait an moulin à vent!

1560. A nourri, a élevé après les avoir produits ; voyez le vers 589.

1561. Vniiions-nous ensemble, et la tyran est bas. {Sertorius, 939.)

« Cette locution, blâmée dès lors par quelques délicats, a toujours été défen- due par les meilleurs grammairiens, » dit M. Marty-Laveaux, qui cite Vaugelas et le Dictionnaire de l'Académie.

1564. C'esl trop peu que de vous; cette tournure se retrouvera au vers 1691 . — M. Nisard compare à celte On de scène plusieurs passagesde Racine : « Alexan- dre imite cet enthousiasme sublime de l'amour heureux, dans ces paroles à Cléoiile, moins connue que Chimène :

Par des faits tout noavcanx je m'en vais vous apprendre Toat oe que peut l'amoar dani le coear d'Alexaadra .■

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