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ETUDE D'ENSEMBLE xlix

pas au vieux poète la consolation de s'en prendre de son échec à des ennemis, car Agésilas ne trouva que des indifférents. « Il faut croire, dit Fontenelle *, qa' Agésilas est de M. Corneille, puisque son nom y est, et qu'il y a une scène d'Agésilas et de Lysander qui ne pourrait pas facilement être d'un autre. » Fonte- nelle fait allusion à la première scène de l'acte III, que le père Tournemine faisait admirer à son élève Voltaire, et qu'il jugeait, avec quelque exagération sans doute, supérieure à tous les beaux endroits de Racine. Mais les jésuites avaient leurs raisons pour préférer Corneille, toujours fidèle à ses anciens maîtres, à Racine, suspect de jansénisme. Précisément, Racine venait de faire paraître son Alexandre, et l'année à'Atlila (1667) sera celle à'Andromaque. L'occasion est belle, et peu de critiques la manquent, de répéter l'épigramme, devenue banale, de Boileau :

Après \' Agésilas,

Helas! Mais après V Attila,

Holà:

On ne saurait pourtant accepter l'épigramme entière, ni assi- miler à Agésilas, Attila. Rien de plus lamentable, en effet, qu Agésilas; rien de plus languissant que les amours d'Elpinice et de Spitridate, de Cotys et de cette Mandane, qui, elle aussi, ne veut aimer « que par politique », absolument comme Aglatide se promet de vivre fille ou de mourir reine. Le ton est médiocre- ment tragique, et la variété des mètres n'est pas faite pour le relever. Mais dans Attila sonnent de fiers alexandrins, et l'on cite partout les vers prophétiques mis dans la bouche de Valamir, roi des Ostrogoths :

��Un graad destin commence, un grand destin s'achève : L'empire est prêt à choir, et la France s'élève-.

Il est malheureux que l'éloge doive ici se doubler d'une cri- tique : Attila est semé de poétiques auachronismes qu'on n'a pas le courage de condamner, mais qui, pris isolément, étonnent un

��1. Vie de Corneille.

2. Attila, I, 2.

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