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SUR LES COMÉDIES LxxTit

fin. Quoi .qu'il en soit, tenoQ3-nous-ea à l'aveu de Corneillo : il n'y a pas d'unité d'action dans la Place Royale. Mais l'action est-elle d'une simplicité si élémentaire dans les comédies qui précèdent? Partout nous rencontroas au moins deux couples parallèles, deux intrigues qui s'eutre-croisent, terminées par un double mariage. Après avoir montré quelle était la simplicité apparente du procédé de Corneille, montrons comment Corneille s'amuse à en compliquer les ressorts.

Mélile :

Deux groupes : 1» Éraste et Tircls, qui aiment Mélite, et dont le second est préféré; — 2° Philaudre et Cloris. Pour brouiller Mélite et Tircis, Éraste suppose des lettres écrites par Mélite à Pbilandre; aussitôt, Pbilandre, dupe de la ruse, quitte Cloris pour Mélite; Tircis et Mélite se désespèrent; Éraste, pris de remords, devient fou. Il semble que le dénouement soit tout indiqué : le traître puni, l'on va rendre sans doute, nou seule- ment Tircis à Mélite, mais Pbilandre à Cloris. Point du tout : à peine guéri de sa folie, le traître épouse Cloris, et le seul puni, c'est Pbilandre, que le traître a trompé.

Clitandre :

Trois groupes : 1" Pymante a!me Dorise, qui aime Rosidor, mais qui n'esi pas aimée de lui; — 2° Clitandre aime Caliste, qui aime Rosidor et est aimée de lui; — 3" Rosidor et Caliste. Les traîtres ici foisonnent : à lui seul, Pymante se rend coupable de plusieurs trabisons, et contre Rosidor, et contre Dorise, qui, de son côté, trabit Caliste. 11 est clair que Rosidor et Caliste s'épou- seront, après bien des traverses; mais que fera-t-on des autres? Si Pymante est trop justement puni de sa perfidie, Clitandre, innocent et persécuté, a droit à un dédommagement, d'autant plus qu'il vient de perdre Caliste. Qu'à cela ne tienne 1 on lui donnera Dorise. Il est vrai que Dorise s'est travestie pour tuer Caliste, sa rivale; mais, en revanche, elle a crevé un œil au traître Pymante : ua tel exploit veut une récompense; Dorise sera donc récompensée, mais c'est Clitandre qui est à plaindre.

La Veuoe :

Deux groupes : !<> Pbiliste et Clarice, la veuve; 2» Alcidon et Célidau, qui aiment Doris, sœur de Pbiliste. Alcidon trabit Cloris et son ami Pbiliste, dont il devient le rival; de concert avec Céli- dan, il enlève Clarice; mais Célidan est un bonnet.^ bomme; il délivre Clarice et mérite ainsi la main de Cloris. Cette fois, la

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