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A&TE II, SCÈNE II 89

Rome, quoi qu'il en soit, ne sera point sujette Que mes derniers soupirs n'assurent ma défaite.

CURIACE.

Hélas! c'est bien ici que je dois être plaint!

Ce que veut mon pays, mon amitié le craint. 33^

Dures extrémités, de voir Albe asservie.

Ou sa victoire au prix d'une si chère vie,

Et que l'unique bien où tendent ses désirs

S'achète seulement par vos derniers soupirs!

Quels vœux puis-je former, et quel bonheur attendre? 395

De tous les deux côtés j'ai des pleurs à répandre ;

De tous les deux côtés mes désirs sont trahis.

HORACE.

Quoi! vous me pleureriez mourant pour mon pays!

Pour un cœur généreux ce trépas a des charmes :

La gloire qui le suit ne souffre point de larmes, 400

Etje le recevrais en bénissant mon sort,

Si Rome et tout l'Etat perdaient moins en ma mort.

CURIACE.

A vos amis pourtant permettez de le craindre ;

Dans un si beau trépas, ils sont les seuls à plaindre :

La gloire en est pour vous, et la perte pour eux; 405

11 vous fait immortel, et les rend malheureux.

On perd tout quand on perd un ami si fidèle.

IVIais Flavian m'apporte ici quelque nouvelle.

��SCENE IL HORACE, CURIACE, FLAVIAN.

CURIACE.

Albe de trois guerriers a-t-elle fait le choix?

FLAVIAN.

Je viens pour vous l'apprendre.

CURIACE.

Eh bien ! qui sont les trois? 410

tirade. » (Voltaire.) — « C'est une résolution désespérée que celle de yaincre ou de mourir; telle est la résolution d'Horace, fort bien caractérisée, à ce qu'il nous semble, par l'expression de noble désespoir, qui d'ailleurs est très belle. Nous ne trouvons dans ce vers aucune obscurité, et nous ne voyons pas qu'il mé- rite d'être repris. » (Palissot.)

388. Que, sans que; c'est le quin des Latins.

396. On dirait aujourd'hui : des deux côtés.

402. Yar Si Rome et toat l'État perdaient moins à ma mort.

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