Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/219

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INTRODUCTION λS

absence û e virilité, il décourage notre sympathie, qui serait "racîlèmeht " revenue à lui. Qu'en résulto-t-il? C'est que la conjuration est jugÇe par nous d'après la valem- des con- jurés. D'un côté s'agitent quelques personnages médiocres en proie aux passions les plus misérables, incapables même de savoir d'une façon précise ce qu'ds veulent; de l'autre, se dresse un homme que nous avions mal Jugé, sur la toi de leur témoignage, et que nous jugeons mieux maintenant pour l'avoir vu à l'œuvre. Cet homme, nous n'osons encore l'admi- rer et l'aimer sans réserve, tant sont puissants les souvenirs et les préjugés; mais nous sommes contraints de reconnaître que seul il est resté grand au milieu de ces petitesses. Le restera-t-il? C'est ce dont décidera la crise prochaine. En attendant, il est aisé de mesurer le chemin parcouru, depuis le moment où l'entreprise des conjurés nous apparaissait légitime et glorieuse, jusqu'à celui où nous en condamnons sans hésiter la coupable folie.

ACTE IV. — C'est seulement après la crise du quatrième acte que toute prévention se dissipe, que tout mauvais souvenir s'évanouit, et qu'Auguste nous contraint d'oublier tout à fait Octave. Si le^trqisième acte abaisse définitivem.ent les con- jurés, le quatrième élève Auguste au-dessus de toute com- paraison et prépare son apothéose. Aussi le poète a-t-il voulu qu'il fût désormais au premier plan; Cinna s'efface, et, si Maxime paraît, c'est pour achever de se dégrader à nos yeux. En face de ce soupirant ridicule et de ce traître qui descend toujours plus avant dans l'infamie, que voyons-nous? Le noble effort d'une grande âme pour se purifier et s'élever sans cesse. A l'inverse du Néron de Racine, dont le naturel féroce lutte contre les pesants souvenirs d'un passé vertueux et la longue habitude d'une vertu contrainte, Auguste doit triompher de lui-même et secouer tout un passé qui l'écrase pour affranchir son âme, pour l'éclairer et l'apaiser, pour la rendre digne de donner Ihospitalité à la clémence. Toutes les mauvaises passions se purgent dans cette crise salutaire d'où le héros sort fortifié et grandi. S'il se bornait à se lamenter de trouver partout des ennemis, à se demander s'il doit punir ou pardonner, il nous toucherait moins ; car l'image du sanglant dictateur, tel que Cinna nous l'a peint au premier acte, hante encore notre pensée. Pour la faire disparaître à jamais, il faut qu'Auguste l'évoque lui-mC-me, s'il affectait de tout oublier, nous ne le croirions pas sincère, et nous craindrions tôt ou tard un retour offensif de ce passé qu'il n'oserait ni avouer ni condamner. Le monologue du quatrième acte est un véritable examen de conscience où riea

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