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INTRODUCTION 31

Mal» tu ferais pitié même à ceux qu'elle irrite, Si je l'abandonnais à ton peu de mérite *.

Mais ce sera sa seule vengeance; nous pouvions en 'cdouter une plus cruelle. Soutenir, en se fondant sur ces vers, (jue l'effet de la cléinence d'Auguste en est d'avance atfaibli, et que cette clémence même sera vindicative autant .qu'intéressée 2, parce qu'elle l'est dans Sénèque, c'est oublier qu'Auguste n'a pas encore pris de résolution et que son entretien avec Cinna s'achève par une menace peu déguisée. Le « Soyons amis, Cinna, » en sera moins gâté que ne le croyait le duc de la Feuillade ^ : les paroles ironiques ou menaçantes qui accablent Cinna sont comme les derniers échos de l'orage dont l'âme d'Auguste est troublée ; au con- traire, l'offre sincère d'amitié, la main loyalement tendue, la promesse de tout oublier montrent assez que l'orage s'est enfin apaisé. Devenue sereine, l'âme devient sans effort clémente, et la clémence efface tout.

Le cinquième acte est donc le couronnement naturel de quatre actes fort clairs, fort bien suivis, quoi qu'on en dise, et presque symétriques : car le second acte fait antithèse au premier et le quatrième au troisième. Dans le premier, le faux Auguste nous est dépeint; dans le^ecnnd j^Jevéritablft August e se révèle . L'inté rêt qui s'atta c he aux corTiurés au pr e- mierLAQte..s aff aiblit au second et disparaît au troisièm e. Par contre, calomnié et avili au premier acte, Auguste se relèv e par une progre_ssion_ lente, mais ininterr ompue7 pendant l ès trois actes qui suT\^"nrJTj?quarors, pou rtant, il n'e st qu'un hérôsjnCûm^letXlTu cinqurèfnë^acte, lë' héros se transfigure en demi-dieu, et reste seul debout, dans son attitude de Ju- piter Olympien, devant tant de têtes inclinées, devant la fière Emilie vaircue.

En résumé, le développement du caractère d'Auguste fait le fond de la tragédie, et Cinna se réduit à ces q'iclqae: mots :

i° Auguste est menacé par une conspiration.

2° Auguste découvre la conspiration.

3" Auguste pardonne.

i. Acle V. se. I.

S. M. Horion, Explication du Théâtre classique.

i. Voy»ï U note de la scène v de l'acte lil.

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