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ces mensonges obligeants que beaucoup de nos modernes savent débiter de si bonne grâce. Aussi je ne dirai rien des avantages de votre naissance, ni de votre courage qui l'a si dignement soutenue dans la profession des armes à qui vous avez donné vos premières années; ce' sont des choses trop connues de tout le monde. Je ne dirai rien de ce prompt ot puissant secours que reçoivent chaque jour de votre main tant de bonnes familles ruinées par les désordres de nos guerres ; ce sont des choses que vous voulez tenir cachées. Je dirai seu- lement un mot de ce que vous avez particulièrement de com- mun avec Auguste : c'est que cette générosité qui compose la meilleure partie de votre âme et règne sur l'autre, et qu'à juste titre on peut nommer l'âme de votre âme, puisqu'elle en fait mouvoir toutes les puissances; c'est, dis-je, que cette générosité, à l'exemple de ce grand empereur, prend plaisir à s'étendre sur les gens de lettres, en un temps où beaucoup pensent avoir trop récompensé leurs travaux quand ils les ont honorés d'une louange stérile. Et, certes, vous avez traité quelques-unes de nos muses avec tant de magnanimité, qu'en elles vous avez obligé toutes les autres, et qu'il nen est point qui ne vous en doive un rsmerciement. Trouvez donc bon, Monsieur, que je m'acquitte de celui que je reconnais vous en devoir, par le présent que je vous fais de ce poème, que j'ai clioisi comme le plus durable des miens, pour apprendre plus longtemps à ceux qui le liront que le généreux M. de Montoron, par une libéralité inouïe en ce siècle, s'est rendu loules les muses redevables, et que je prends tant de part iiix hionfriits dont vous avez surpris quelques-unes d'elles, que l'j nven dirai Inulc ma vie,

Alousicu -,

Votre très humble et très obligé serviteur,

CoRNEirXï.

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