Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/286

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Qui le sert, pour esclave, et qui l'aime, pour traître ;
Qui le souffre a le cœur lâche, mol, abattu.
Et, pour s'en affranchir, tout s'appelle vertu.
Vous en avez, Seigneur, des preuves trop certaines :
On a fait contre vous dix entreprises vaines ; 490
Peut-être que l'onzième est prête d'éclater,
Et que ce mouvement qui vous vient agiter
N'est qu'un avis secret que le ciel vous envoie,
Qui, pour vous conserver, n'a plus que cette voie.
Ne vous exposez plus à ces fameux revers. 495
Il est beau de mourir maître de l'univers ;
Mais la plus belle mort souille notre mémoire
Quand nous avons pu vivre et croître notre gloire.

regretter. ■ Et pourtant les exemples dépasser pour, pris activement, ne manquent pas'

Certes, si vous vonlez passer pour véritable,

Qae l'nne de nous deux de sa mort soit coupable {Rodogune, 17*7.)

Nous ne sommes qu'un sang, et ce sang, dans mon cœur, A peine à le passer pour calomniateur {Nicoméde, 1094.)

487. « Ou yâp Èffttv O'jt' aveu çpovrijxaTro; àliô'koyov avSpa çOvat, oCt' clZ çpôvYi|j.a (xéya \oi.êzi^ Iv. So-jXoTcps'rtoOç £7tiTr|Ô£ijff£(i)ç* où (aïiv oùôk çpov/)jAaxtav yEvôjxevov, [ir\ oùx èXeuQept'aç iTtiOufjiTiaai, xoi Tvâv xb Ô£(T7rô!^ov [jitff?|Crat. » (Dion Cassius, LU.)

Avef raison, peut-êti-e. Voltaire remarque que res trois épithèfes forment un vers négligé (fomrae au vers 415). Mol était employé au ivii" siècle, sans même que la prosodie l'exigeât :

Ma main bientôt sur eux m'eiU vengée hautement

De l'affront que m'eût fait ce mol consentement. [Borace, 970.)

491. L'orthographe authentique est l'unzième, qui, comme le fait remarquer U. Marty-Laveaui, se rapproche davantage de la source latine. Vaugelas n'auto- rise que cette écriture et condamne le ou la onzième ; d'après lui, l'élision est nécessaire. — Corneille et ses contemporains ne distinguaient pas entre prêt de, prêt à et près de. Voyez la grammaire de M. Chassang (p. 5!61), qui cite cet exemple.

402. Qui vous vient d'agiter, donnent certaines éditions, sous ce prétexte que l'agitation d'Auguste ne doit pas durer plus longtemps que le morceau dans lequel il l'exprime. Le texte qui vous vient agiter semble pourtant préférable ; car l'agitation d Auguste dure encore, et il n'a pas pris de dérision. — MouvemeTit, très usité, au xvu* siècle, dans le sens de sentiment, émotion quelconque.

494. Cette construction de gui, éloigné de son antécédent, n'est pas rare cher Corneille :

Viens, tu fais ton devoir, et le fils dégénère

Qui survit un moment à l'honneur de son père. {Cid, ii2.)

Conserver, sauver, servare. C'est le plus beau moment de Maxime ; on sent «ju'il fait effort pour retenir son secret, qui lui échappe, et on lui sait gré de SA loyauté.

498. Var. Quand nous avons pu vivre aveeque plus de gloire. (1643-66.)

Croître a été maintenu, en poésie, comme verbe actif, par l'Académie, en dépil éu scrupules de Vaugelis. Corneille l'emploie très souvent pour accroître: M'ordonner dn repos, c'est croître mes malheurs. [Cid, 740.) Ce malheur, toatefoii, sert à croître ea gloire. (Polj/eucte. 309.)

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