Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/30

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ACTES IV ET V. — Les deux derniers acles de VOrazîa cor- res^oiidioiiL an cinquième acte d'Horace. Pourquoi deux acte? au lieu d'un? Pourquoi séparer ce qui, logiquemenl, est insé- parable? On n'eii voit pas la raison, si ce n'est que le chillre de cinq actes est consacré par la tradition. Nommés par le roi pour décider si Horace est coupable de meurtre, les duunv virs ne peuvent que le condamner: car le vieil Horace lui- même n(' peut attester par serment son innocence. Le licteur s'avance donc vers le meurtrier, qui s'écrie : « J'en appelle au peuple. )) Dès lors cesse la magistrature des duumvirs : sou- lagés et comme délivrés par cet appel, ils redeviennent les amis, les protecteurs de l'accusé. Convoqué par le roi, le peuple entend tour à tour et le plaidoyer du vieux Publius Horatius, qui offre de mourir pour son fils, et les- réponses qu'y font plusieurs citoyens, et l'orgueilleuse déclaration du meurtrier lui-même, qui refuse d'accepter le sacrifice paternel, satisfait de mourir, puisqu'il meurt couvert de gloire. C'est vers le pardon que l'assemblée incline enfin, mais Horace absous devra passer sous le joug la tête voilée. Si bénigne que soit cette condamnation, le jeune héros n'en est pas moins indigné; il maltraite le licteur qui s'approche. Sans doute il ne céderait pas, -^ car ce caractère indomptable se soutient jusqu'à la fin, — si Jupiter, apparu tout à coup au milieu des éclairs, ne lui ordonnait d'obéir. , . :.

Ce deus ex machina n'intervient ni chez Tite-Live, qui nous montre le j<:'une Horace docile aux volontés de son père, ni chez Corneille, qui lient à épargner à son héros cette humi- Jiation suprême. Ginguené croit pourtant que Corneille, supé- rieur à l'Ârétin dans les trois premiers actes, est inférieur dans les deux derniers : <.<■ Les duumvirs, écrit-il, juges inflexi- bles d'Horace, mais ensuiteamis et concitoyens officieux de sa famille, cette assemblée du peuple entier, où est plaidée et jugée la cause d'Horace, ont bien plus de mouvement, d'in- térêt et de grandeur que l'audience mesquine que le roi vient donner chez le vieil Horace contre touslesusagesromains, etuni- quement, de l'aveu de Corneille lui-même, pour ne pas man- quer à l'unité de lieu. » \\ ne faudrait pas exagérer cette vue, juste en soi : car ces deux actes ne sont guère qu une succession de tableaux éclatants et, au point de vue dramatique, prê- tent à la critique plus encore que le cinquième acte de Cor- neille. Le caractère du vieil Horace y ést pourtant tracé avec vigueur, et Corneille n'eût pas désavoué ces fières paroles du quatrième acte :

« PUBLIL'S HOR.\TIUS.

¥. La loi! Il n'y en a plus à Rome.

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