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ACTE III, SCÈNE IV 433

De te remellre au foudre à punir les tyrans.

Je ne t'en parle plus, va, sers la tyrannie; Abandonne ton âme à son lâche génie. Et, pour rendre le calme à ton esprit flottant, 1015

Oublie et ta naissance et le prix qui t'aUend. Sans emprunter ta main pour servir ma colère, Je saurai bien venger mon pays et mon père. J'aurais déjà l'honneur d'un si fameux trépas. Si l'amour jusqu'ici n'eût arrêté mon bras: 1020

C'est lui qui, sous tes lois me tenant asservie, M'a fait en ta faveur prendre soin de ma vie; Seule contre un tyran, en le faisant périr, Par les mains de sa garde il me fallait mourir. Je t'eusse par ma mort dérobé ta captive; 1025

Et, comme pourtoi seul l'amour veut que je vive, J'ai voulu, mais en vain, me conserver pour toi, Et te donner moyen d'être digne de moi.

Pardonnez-moi, grands dieux, si je me suis trompée, Quand j'ai pensé chérir un neveu de Pompée, 1030

Et si d'un faux semblant mon esprit abusé A fait choix d'un esclave en son lieu supposé! Je t'aime toutefois, quel que tu puisses être,

1012. De a ici la valeur de en suivi du participe présent ou du gérondif en do

«les Latins. Se remettre au foudre, s'en rapporter à la foudre, se reposer sur la

foudre, abandonner à la foudre le soin de punir les tyrans. A équivaut à pour

Je ferai mon possible à bien venger mon père. [Cid, LU, iv.)

1014. Génie, disposition innée, nature propre, caractère distinctif d'une pe^

sonne; genius et ingenium en latin ont souvent ce sens :

Enfio, Burrhns, Néron découvre son génie, {Brilannicus, IH, n.)

1017. Yar. Je saurai bien sans toi, dans ma noble colère.

Venger les fers de Rome et le sang de mon père. (10*3-56.)

« Le mot de ressentiment serait plus propre; mais, en poésie, colère peut si- rniOer indignation, ressentiment, souvenir des injures, désir de vengeance. » (Voltaire.)

1025. Ta captive pour ton amante :

C'est trop d'indignité qae notre sonveraine

De l'nn de ses captifs tienne le nom de rcino. [RodoQune, 908.)

Cléopâtre appelle César son « captif » (Pompée , II, i); M. Littré ne mentionH paa cette acception particulière, qu'on retrouve chez Racine. 1030. Neveu, petit-Gls, nepos :

Mon éponx a des fils, U aura des nevens. [Pompée, 1387.)

1032. « Elle ne dit à Cinna ni qu'il est un fils supposé, ni qu'il est le fils

d'un esclave; elle lui reproche, en républicaine, le sentiment de bassesse qui

parait le familiariser avec l'idée d'un maître. Aux yeux d'une Romaine telle

^'Emilie, quiconque peut s'accoutumer au sacriûce de sa liberté, n'est plus

u un esclave, quoiqu'il ne soit pas né dans la servitude. » (Palissot.)

4038. Yar. Je t'aime tontefois. tel que tu puisses être;

Tu te plains d'un amour qui te Tent rendre traître. (1643 66.)

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