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que l'infatigable LopedeVega publia el Honrado hermano, dont nous emprunLons l'analyse à rédition Régnier '.« Le sujet de cette pièce se détache à peine sur un canevas d'aventures bi- zaïTCs. )) « Nous ne sommes occupés, dit M. Saint-Marc Girardin, que de filles qu'on veut faire religieuses, de femmes déguisées sn cavaliers, de ruses pour enlever la liUe sous les yeux mêmes in père, toutes scènes de comédie. Pourquoi les personnages /fui figurent dans ces scènes de comédie s'appellent-ils les Horaces et les Curiaces ? Je n'en sais rien en vérité. Ils pour- raientaussi bien s'appeler don Gusman, don Pèdre, don Gomez. L'histoire n'y perdrait l'ien ; car l'histoire n'est pour rien dans tout cela. » Néanmoins, bien qu'on ne trouve dans cet ouvrage aucune intention de peindre le caractère romain, Lope ra- masse dans Titc-Live divers détails matériels qui servent plu- tôt à la bigarrure qu'à la vérité du tableau. Tels sont ïinter- rcgnum, ce régime bizarre qui, en attendant une élection déflnilive, donnait la royauté à une suite de sénateurs, sou- verains chacun pendant cinq jours; les pillages dans les campagnes albaines, conséquence de cette anarchie ; deux ou trois ambassades d'Albe et de Rome, conduites tout autrement que dans Tite-Live; la harangue de Metius entre les deux armées pour proposer le combat des six; l'appel au peuple conseillé par Tullus après la condamnation d'Horace ; enfin sa défense par son père, faible imitation du magnifique thème oratoire fourni par riiistorien. Ce n'était pas la peine d'exposer sur la scène le triple duel pour en retrancher, faute d'espace sans doute, la poursuite inégale des champions blessés, la fuite simulée de l'Horace survivant, qui accomplit sur place sa triple victoire avec une jactance de matamore. Le dénouement de cette Iragi-comcdie exigeait un mariage à l'espagnole, qui s'entremêle à la scène du forum sans en abaisser le ton bien sensiblement. Horace a chez lui une fille de sénateur, qu'il prétend toutefois avoir respectée. Le père exige qu'il l'épouse avant de subir son supplice. On va la chercher, et, pendant ce temps, Horace est absous i>ar une acclamation popu- laire 2.

Des trois devanciers de Corneille, les deux derniers doivent donc être écartés par une sorte de question pîéalable: Pierre Laudun d'Aigaliers, à cause de sa visible insuffisance, Lope de Vega, parce qu'il a composé un drame dépure fantaisie, romain d'apparence, espagnol par l'esprit et les complications roma-

1. Collection des grands écrivains, t. III, p. 246-247.1

S. Voir au v, 1257 un passage de «2 Honrado hermano, rapproché du leste do Ccraeille.

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