Page:Corneille Théâtre Hémon tome2.djvu/36

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n HORACE

Loin de nous la pensée de comparer à YHorace de Comeillo, si vraiment historique, la Grisante deRolrou, si romanesque! On a bien pu y retrouver « l'aocenl du patriotisme romain ' >\ et observer que Rome y domine tout; mais l'on est contraint en même temps de se demander quelle est cette Rome un peu vague dont parlent tant des personnages souvent assez peu ro- mains, quel est ce «César "dont.ALnliochusvaincumauditlenom. Si Ion insiste pourtant sur une pièce lisiblement inférieure à Horace, c"est que déjà l'amitié la plus étroite, la plus désintéressée, unissait Rotrou à Corneille: c'est que tous deux, après avoir imité les Espagnols. Tun dans les tragi-comédies de sa jeu- nesse, l'autre dans le Cid, s'étaient, comme d'un commun ac- cord, adressés à cette antiquité latine, où Corneille seul, moins décidément espagnol et fantaisiste que son ami, de- vait trouver la matière d'un second chef-d'œuvre. Si nous avions conservé les lettres échangées à cette époque entre Dreux et Rouen, elles jetteraient sans doute quelque jour sur une période, demeurée assez obscure, de la vie de Corneille. Par malheur, on ne peut citer qu'une lettre de Corneille à Rotrou, écrite de Rouen etdatéedu 14 juillet 1637: « M. Jourdy m'a conté les plus belles choses de son voyage de Dreux et me donne grande envie de venir vous voir, dans votre bel'- famille : mais c'est un plaisir que je ne saurai avoir encore c longtemps, vu que je veux vous montrer une nouvelle pièce qui est loin d'être finie ». L'authenticité de cette lettre même a été contestée : aux raisons qu'on a fournies pour la com- battre nous ajouterons une simple date : c'est en 1640 seule- ment que Rolrou se uiaria, et l'on ne voit pas de quelle « belle faiiiille ». avant celle énonue, il pouvait être entouré à Dreux.

Authentique ou non, la lettre de Corneille à Rolrou nous révèle un délojl curieux, que dautros témoignages conlirment, c'est que, dès 1637. luic année après le tiiomplie orageux du Cùi.Corneille songc;iil à écrire une pièce nouvelle, dont il avait dû concevoir dès lors le sujcl. Un libellisle contemporair>, défenseur du poète, rnenac^.nil même de ce second chef-a'ceuvra les rivaux jaloux qu'avait olfusqués le premier. « Si par d* petites escarmouches, leur disait-il, voiiS amusiez un si puisv sant ennemi, vous dissiperiez un nuage qui se forme en Nor- mandie, et qui vous menace d'une furieuse tempête pour cet hiver 2. » Rien ne prouve qu'Horace fût entièrement composé

1. M. Jarry, Thèse *ur Rotrou. Sur la corapaMison entre Corneille el Rotrou,

TOTex rintrnduciion de noire Théâtre choisi de Bot rou. chez L^place et Sanche».

i. Lti'-'-e du désinlcj-ctié au sieur 3/airet 'J637), citée dans l'édition Régnier.

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