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INTRODUCTION

��I

LBS ORIGINES RELIGIEUSES ET HISTORIQUES

En tête de son Polyeucte, Corneille, toujours si empressé de faire connaître les sources où il a puisé, se défend avec vivacité d'avoir écrit « une aventure de roman * ». Il eût cru profaner la sainteté de son sujet s'il l'avait embelli par des inventions nouvelles. Qu"a-t-il donc ajouté aux récits de Siinéon \Sétaphraste,de Surius,de Mosaïuier? Rien ou presque rien : « le songe de Pauline, Camour de Sévère, le baptême etîectif de Polyeucte (qui, chez les hagiographes, ne reçoit que le baptême du sang), le sacrifice pour la victoire de l'empereur, la dignité de Félix (devenu gouverneur d'Armé- nie de simple commissaire impérial qu'il était), la mort de Néarque, la conversion de Félix, et de Pauline. » L'amour de Sévère! N'admire-t-on pas avec quelle modestie négligente ce mot signifiiatif est jeté là, comme en passant, et semble peï'du à dessein dans l'énumération des menus incidents qui sont de la façon de Corneille? Serait-on si discret aujourd'hui, et s'appliqucrait-on avec tant de conscience à dissimuler son mérite original?

Tout occupé à prouver qu'il est resté fidèle à l'esprit de ses modèles, Corneille n'a pas même songé à se demander si ces modèles méritaient une égale confiance. Il semble ignorer, par exemple, que le témoignage deMétaphraste ^ n'a qu'une valeur équivoque. Si ce personnage qui, au x'^ siècle, exerça des fonc- tions importantes, profitant des facilités que sa situation lui donnait pour recueillir les documents épars dans les archives

��1. Voyez plus loin l'Abrégé du martyre de saint Polyeucte.

2. Siméon Métaphraste, ainsi nommé parce qu'il a paraphrasé les vies dej «aints, est né dans le i* siècle, à Constantinople. Ce fut, dit on, Constantin Porphyrogénète qui l'engagea à rassembler les vies des saints. {JVote de l'éitititu Régnifr),

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