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ABRÉGÉ se

MARTYRE DE SAINT POLYEUCTE

ÉCRIT PAPx SIMÉON MÉTAPHRASTE

KT BAPPOBxé PAa SaHIDg.

��L'ingénieuse tissure des fictions avec la vérité, où consiste le plus beau secret de la poésie, produit d'ordinaire deux sortes d'efTets, selon la diversité des esprits qui la voient. Les uns se laissent si bien persuader à cet enchaînement, qu'aus- sitôt qu'ils ont remarqué quelques événements véritables, ils s'imaginent la même chose des motifs qui les font naître et des circonstances qui les accompagnent ; les autres, mieux avertis de notre artifice, soupçonnent de fausseté tout ce quî n'est pas de leur connaissance; si bien que, quand nous trai- tons quelque histoire écartée dont ils ne trouvent rien dans leur souvenir, ils l'attribuent tout entière à l'effort de notre imagination, et la prennent pour une aventure de roman.

L'un et l'autre de ces effets serait dangereux en cette ren- contre : il y va de la gloire de Dieu, qui se plaît dans celle de ses saints, dont la mort si précieuse devant ses yeux ne doit pas passer pour fabuleuse devant ceux des hommes. Aii lieu de sanctifier notre théâtre par sa représentation, nous y profanerions la sainteté de leurs souffrances, si nous permet- tions que la crédulité des uns et la défiance des autres, égale- ment abusées par ce mélange, se méprissent également en la vénération qui leur est due, et que les premiers la ren- dissent mal à propos à ceux qui ne la méritent pas, pendant que les autres la dénieraient à ceux à qui elle appartient.

Saint Polyeucte est un martyr dont, s il m'est permis de parler ainsi, beaucoup ont plutôt appris le nom à la comédie qu'à l'église. Le Martyrologe romain en fait mention sur le !3« de février, mais en deux mots, suivant sa coutume; Baro- Dius, dans ses Anna/es, n'en dit qu'une lip;ne; le seulSurius,ou

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