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i8 POLYEUCTE

l'exemple du bon larron, qui en un moment mérita !é cîeï, bien qu'il n'eût pas reçu le baptême, aussitôt notre raart\T, plein d'une sainte ferveur, prend l'édit de l'empereur, crache dessus, et le déchire en morceaux qu'il jette au vent; el, voyant des idoles que le peuple portait sur les autels pour les adorer, il les arrache à ceux qui les portaient, les brise contre terre, et les foule aux pieds, étonnant tout le monde et son ami même par la chaleur de ce zèle qu'il n'avait pas espéré.

Son beau-père, Félix, qui avait la commission de l'empe- reur pour persécuter les chrétiens, ayant vu lui-même ce qu'avait fait son gendre, saisi de douleur de voir l'espoir et l'appui de sa famille perdus, tâche d'ébranler sa constance, premièrement par de lielles paroles, ensuite par des menaces, enfin par des coups qu'il lui fait donner par ses bourreaux sur tout le visage ; mais n'en ayant pu venir à bout, pour der- nier effort, il lui envoie sa fille Pauline, afin de voir si ses larmes n'auraient point plus de pouvoir sur l'esprit d'un mari que n'avaient eu ses arlilices et ses rigueurs. Il n'avance rien davantage par là; au contraire, voyant que sa fermeté conver- tissait beaucoup de païens, il le condamne à perdre la tête. Cet arrêt fut exécuté sur l'heure; et le saint martyr, sans autre baptême que de son sang, s'en alla prendre possession de la gloire que Dieu a promise à ceux qui renonceraient à eux-mêmes pour l'amour de lui.

Voilà en peu de mots ce qu'en dit Surius. Le songe de Pau- line, l'amour de Sévère, le baptême effectif de Polyeucte, le sacrifice pour la victoire de l'empereur, la dignité de Félix, que je fais gouverneur d'Arménie, la mort de Néarque, la conversion de Félix et de Pauline, sont des inventions et des embellissements de théâtre. La seule victoire de l'empereur contre les Perses a quelque fondement dans l'histoire; fet, sans chercher d'autres auteurs, elle est rapportée par M. Coef- feteau dans son Histoire romaine^ ; mais il ne dit pas ni qu'il leur imposa tribut, ni qu'il envoya faire des sacrifices de re- merciement en Arménie.

Si j'ai ajouté ces incidents et ces particularités selon l'art, ou non, les savants en jugeront; mon but ici n'est pas de les justifier, mais seulement d'avertir le lecteur de ce qu il en peut croire.

1. C'est ce Nicolas Coeffeteau (ISTA-iôSS), érèque de Marseille, que la Bruyère cite avec honneur et dont Vaugelas.en maint endroit de ses Remarques, inToque r&utorité avec une candeur d'admiration qui fait sQ^rire. Son JBistoire rwMatfM depuit AugùîfS jUi^ù'à Çontianiin avait para en Itti.

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