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102 POLYEUCTE

Si toutefois, après ce coup mortel du sort,

f'ai de la vie assez pour chercher une mort. 560

PAULINE.

Et moi. dont voire vue augmente le supplice, Je l'éviterai même en voU'e sacririoê; Et, seule dans ma chamhre enfermant mes regrets, Je vais pour vous aux dieux faire des vœux secrets.

SÉVÈRE.

Puisse le juste ciel, content de ma ruine, _ 565

Combler dheur et de jours Poljeucte et Pauline 1

PAULINE.

Puisse trouver Sévère, après tant de malheur, Une félicité digne de sa valeur!

SÉVÈRE.

11 la trouvait en vous.

PAULINE.

Je dépendais d'un père.

SÉVÈRE.

devoir qui me perd et qui me désespère! 570

Adieu, trop vertueux objet, et trop charmant.

PAULINE.

Adieu, trop malheureux et trop parfait amant.

��560. L'antithèse est ici froide et cherchée.

562. Var. le la veux éviter, mêmes an sacrifice. (1643-1666.)

Il s'agit du sarrifice qae Sévère va offrir aui dieux pour les remercier de lui avoir accordé la victoire.

565. Content de, sens du mot latin contentus, se contentant de ma ruine, c'est- à-dire d'avoir ruiné mes espérances, mon bonheur.

566. Sur heur, voyez la note du v. 09. — « C'est le généreux humain dans toute sa beauté. >- (Sainte-Beuve, Po7't-Royal, 1, 6.)

560. « Ces sentiments sont touchants : ce dernier vers convient aussi bien à la fragédie qu'à la comédie, parce qu'il est noble autant que simple; il y a ten- dresse et précision. » (Voltaire. )

570. Perd et désespère, pl;icés l'un à la fin de l'hémistiche, l'autre à la fin du vers, forment une consonnance qui blesse l'oreille. (M. Géruzez )

572. « Corneille sentait bien que l'entrevue de deux personnes qui s'aiment et qui ne doivent pas s'aimer ferait un très grand ell'et et l'Hôtel de Rambouillet ne sentit pas ce mérite. Jusqu'ici on ne voit à la vérité dans Pauline qu'une femme qui n'a point épousé son amant, qui l'aime encore et qui le lui dit quinze jours ap.ïs ses noces. Mais c'est une préparation à ce qui doit suivre, au péril de son mari, à la fermeté que montrera Pauline en parlant à Sévère pour ce mari même, à la grandeur d'àmc de Sévère. Voilà ce qui rend l'amour de Pauline infiniment théâtral et digne de la tragédie ». (Voltaibe.)

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