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ACTE TROISIÈME

SCÈNE PREMIÈRE.

PAULINE.

Que de soucis Uottants, que de confus nuages

Présentent à mes yeux d'inconstantes images !

Douce tranquillité, que je n'ose espérer,

Que ton divin rayon tarde à les éclairer !

Mille agitations, que mes troubles produisent, 72$

Dans mon cœur ébranlé tour à lour se détruisent:

Aucun espoir n'y coule où j'ose persister,

Aucun effroi n'y règne oti j'ose m'arrêler.

Mon esprit, embrassant tout ce qu'il s'imagine,

Voit tantôt mon bonheur, et tantôt ma ruine, 730

Et suit leur vaine idée avec si peu d'efTet,

Qu'il ne peut espérer ni craindre tout à fait.

Sévère incessamment brouille ma fantaisie :

J'espère en sa vertu, je crains sa jalousie ;

725. Corneille aime ces pluriels de noms abstraits :

Vous n'aviez point tantôt ces agitations. {Cinna, 819,)

Var. Mille pensers divers, que mes tronbles pmdttisent, Dans mon cœur inoer tain à l'envi se détruisent : Nui espoir ne me flatte où j'ose persister; Nulle peur ne m'effraye où j'ose m'arrêter. (1643-1656.)

727. N'y coule, ne s'y introduit. — Où, dans lequel ; voyez le v. 352 et les ▼. 342 et nos. Au vers suivant, où a le sens de auquel.

730. Sur ce sens de ruine appliqué à une personne, voyez le v. 565.

731. Var. L'un et l'antre me frappe avec si peu d'effet. (16i3-16r>G.)

Idée a ici le sens étymologique d'image [tout ce qu'il s'imagine).

Mais de ce souvenir mon âme possédée

A deux fois en dormant revu la même idée. (Racine, Athalie, II, B.)

733. Brouille ma fantaisie, trouble mon imagination (oavxaffia) ; cette locu. tien se trouve déjà dans ÏJlliision comique (1110) et se retrouvera dans PuU thérie (1058).

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