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ACTE III, SCENE IV 127

Et, croyant que la mort leur en ouvre la porte, Tourmentés, déchirés, assassinés, n'importe, OuO

Les supplices leur sont ce qu'à nous les plaisirs, Et les mènent au but où tendent leurs désirs ; La mort la plus infâme, ils l'appellent martyre.

FÉLIX.

Eh bien do.nc! Polyeucte aura ce qu'il désire: N'en parlon:> plus.

P.\UL1NE.

Mon père...

��SCÈNE IV.

FÉLIX, ALBIN, PAULINE, STRATONICE. FÉLIX.

Albin, en est-ce fait? 933

ALGIN.

Oui, Seigneur, et Néarque a payé son forfait.

951. Leur sont, sont pour evix ce que pour nous sont les plaisirs. Voyez la même locution et aussi la même idée au v. 1536.

Accoutumée à fuir, l'exil m'est peu de chose, {ilédée, 773.)

952. Rapprochez de ces paroles de Pauline ce beau portrait que TcrLuIlien trace du chrétien dans son Apoloijctique : « Neminem pudet, neminem poe- nilet, nisi plane rétro non fuisse; si denotalur, gloriatiir; si accusaUir, non

défendit; inlerrogalns, vel ultro confitelur; damnatus, erratias afjit Prœ-

lium est nobis, quod prnvocamur ad Irihiimlia, ut iliio sub discrimine capilis pro veritale certemas. Vicloria est auteni, pru quo ccrtaverisj oblinere. Ea

Victoria habet et gloriam placendi Deo et prajdam vivendi in œternum

Cruciale, torquete, damnate, aticrilo nos : pi-obntio est enim innocentia no?trae iniquilas vestra. » — « Chose étrange et diyne d'une longue considé- ration! En ce temps-là, il y avait de la presse à se faire déchirer, à se faire brûler pour Jésus-Christ L'e.tlrème douleur et la dernière infamie attiraient les hommes au christianisme; c'étaient les appas et les promesses de cette nnnvoUe sf^clo. Ceux qui la suivaient et avaient faveur à la cour, avaient peur d'être oubliés dans la commune persécution; ils allaient s'accuser eux-mêmes, s'ils manquaient de délateurs. Le lieu où les feux étaient allumés et les bètes déchaînées s'appelait en langue de la primitive Ecriise la place où l'on donne des couronnes. (Balzac.) » Marc-Aurèle reprochait même aux chrétiens de mourir d'une façon trop tragique. Dans le Saint Genest de Rotrou, Adrien, irartyr chrétien," jadis persécuteur, aflTermit son C4urage en se souvenant de ces exemples d'héroïsme :

J'ai va, Ciel, tu le s.iis, par le nombre de? âmes

Que j'osais t'envoyer par des chemins de flammes,

Dessus les grils ardents et dedans les taureaux.

Chanter les condamnés et trembler les bourreaux;

J'ai vu tendre aux enTants une gorgée assurée

A la sanglante mort qu'ils avaient préparée,

Et tomber sous le coup d'un trépas glorieux

Ces fruits à peine éclos, déjà mûrs pour les cieux. (H I.)

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