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INTRODUCTION 53

de voir l'action principale suspendue par TInvasion de ces maximes, de ces analyses, de ces dissertations morales. Eh quoi! le sort de Rome est en question, et nous nous laisse- rions occuper par cette « rhétorique sentiniciitale' », attendrir par ces larmes? Non, le poète a sacriiié, celle l'ois, la passion, mais il l'a sacritiée à une autre passion qui n'admet point de rivale.

En résumé, Horace nous apparaît comme un sévère tableau d'hibloire, où tous les traits, même délicats, sont subor- donnés à un Irait dominant. Au dernier plan, Valùre, à peine entrevu, et Julie, figure assez effacée de confidente, mais dont l'heureuse élourdcrie amène la péripétie la plus dramatique. Au second plan, Sabine, qui se lamente, et Camille, qui s'emporte; un peu en avant d'elles, Curiace, moins esclave du sentiment, mais qui ne saurait être le personnage central: car ce qui occupe tout le premier plan, ce qui eiïace même la touchanle figure de Curiace, c'est la grande image de la patrie romaine, se dressant au-dessus des deux Horaces.

La tragédie entière est donc l'apothéose de l'héroïsme dans l'accomplissi-mcal du devoir patriotique, et les didé- renls personnages y méritent notre admiration dans la me- sure où ils -emplissent ce devoir. Voilà pourquoi Voltaire a pu écrire d'y/onire même^ : « Corneilie, vieux Romain parmi les Français, a établi une école de grandeur d'âme. »

1. I.e mfit est .le M. M"r!et. i. CoiH:ii>jntaiiei sur Uuract.

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