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128 POMPÉE

Mais puisque par sa perte, à jamais sans seconde.

Le sort a dérobé cette allégresse au monde,

César s'efTorcera de s'acquitter vers vous

De ce qu'il voudrait rendre à cet illustre époux. ■•000

Prenez donc en ces lieux liberté tout entière:

Seulement pour deux jours soyez ma prisonnière

Afin d'être témoin comme, après nos débats,

Je chéris sa mémoire et venge son trépas,

Et de pouvoir apprendre à toute l'Italie 1065

De quel orgueil nouveau m'enfle la Thessalie.

Je vous laisse à vous-même et vous quitte un moment.

Choisissez-lui, Lépide, un digne appartement;

Et qu'on l'honore ici, mais en dame romaine,

C'est-à-dire un peu plus qu'on n'honore la reine. 1070

Commandez, et chacun aura soin d'obéir.

CORNÉLTE.

ciel! que de vertus vous me faites ha'ir!

croyait-il que Pompée et lui auraient pu vivre réconciliés par la défaite de l'un et la victoire de l'autre? L'orgueil et l'ambition ne souffrent guère ces traités où le vaincu doit toujours se résigner et le vainqueur toujours se modérer. Je ne conçois pas plus la concorde de César et de Pompée après Pharsale qii'avantl Pharsale; mais, comme un vœu n'est pas un plan de conduite, il n'est pas tenui d'être toujours possible pour être sincère. » (Saint-Marc Girardin, Cours de litté- rature dramatique, iv 65.)

1055. Sans seconde ; voyez le v. 429,

1058. Lsta dies rapta est populis (Lueain, X. 1097.)

1059. Aux V. 1153 et 1748 d'Horace, 404 de Cinna, 1401 de Poîyeucte, nous avons déjà noté cet emploi fréquent de vers pour envers, et cité l'opinion de M. Littré qui ne défend point de suivre l'exemple de tant d'excellents auteurs.

1063. Sur comme pour comment, voyez la note du v. 953. iO'C. La Thessalie, c'est-à-dire la victoire de Pharsale; César répond ici au conseil que lui a donné Cornélie de ne pas se laisser enivrer par ses succès.

1068. Comme Racine. Corneille employait dans le style le plus relevé ce mot à'appartement, plus vulgaire aujourd'hui :

Remettez la princesse à son appartement. (Peitharite, 378.)

1069. « Corneille, qui a peint les Romains si grands, s'est fait aussi une idée magnifique de la dame romaine, de la sévérité de ses mœurs, de la dignité de sa contenance, de ce qu'il y a de chaste et de grave dans ses alfections. Voilà sou? quels traits il a aimé à peindre Cornélie en les rehaussant encore de la majesté du veuvage. » (Saint-Marc Girardin, Cours de littérature drama- tique.) IV 65.)

1072. Ninon de Lenclos appliquait ironiquement ce vers au comte de Choiseul, plus tard maréchal de France, qu'elle estimait sans pouvoir l'aimer. , — L'invo- lontaire admiration de Cornélie est mêlée de surprise : comme Emilie, au cinquième acte de Cinna, elle ne s'attendait pas à tant de générosité; mai» fimilie, vaincue et désarmée, s'écrie :

Ma haine Ta mourir, que j'ai crue immortelle.

Cornélie, au contraire, fait effort pour retenir sa haine tout entière et, pour ne point se laisser suffoquer par l'admiration. C'est dans cet eflbrt, énergiquement ■outenu jusqu'à la fin, qu'est la beauté virile de ce caractère.

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