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ACTE V, SCÈNE V 161

Tant de soins de vous rendre entière obéissance,

Il n'ait pu toutefois, en ces événements, 1780

Obéir au premier de vos commandements !

Prenez-vous-en au ciel, dont les ordres sublimes,

Malgré tous nos efforts, savent punir les crimes ;

Sa rigueur envers lui vous ouvre un sort plus doux,

Puisque par cette mort l'Egypte est toute à vous.

CLÉOPATRE.

Je sais que j'en reçois un nouveau diadème, 1783

Qu'on n'en peut accuser que les Dieux et lui-même;

Mais comme il est, Seigneur, de la fatalité

Que laigreur soit mêlée à la félicité.

Ne vous offensez pas si cet heur de vos armes.

Qui me rend tant de biens, me coûte un peu de larmes, 1790

Et si, voyant sa mort due à sa trahison,

Je donne à la nature ainsi qu'à la raison.

Je n'ouvre point les yeux sur ma grandeur si proche,

Qu'aussitôt à mon cœur mon sang ne le reproche ;

J'en ressens dans mon âme un murmure secret, 1793

Et ne puis remonter au trône sans regret.

1778. An nooï de cette avengle et prompte obéissance

Que j'ai tonjonrs rendue atix lois de la naissance {Polyeuctv, 969-70,)

Nons vons rendrons, seignenr, entière obéissance. (Béraclius, 687.) 1781. Sublime, proprement, veut dire élevé, sublimis; c'est dans ce sens que Corneille le prend au figuré, 1 irsqu'il écrit : la grandeur sublime (Sertorius, 305), le rang le plus sublime {Héraclius, 101), là où nous écririons : la souveraine grandeur, le rang suprême.

1787. Il est de la fatalité, tournure toute latine pour : il est inhérent à, il appartient à la fatalité, c'est chose fatale.

1788. Sur ce mot d'aigreur, que Voltaire blâme à tort, voyez la note dn T. 1601.

1789. Après Vaugelas, La Bruyère (De quelques usages) regrettait la dispari- tion de ce mot si français, heur, qui a fait bonheur, et qui subsiste encore aujourd'hui dans la locution heur et malheur. Y osez les v. 988 et 1035 du Cid, 58 et 1256 d'Horace, 611 et 1473 de Cinna, 99, 566 et 1207 de Polyeucte.

1792. Donner a ici le sens de sacrifier ; le latin condotMre offre un sens ana- logue; Toyei le t. 1200 du Cid.

Noos donnons qnelqae chose à Rome qui se plaint. (Ifieoméde, 1309.) Donner pour sacrifier, immoler quelque sentiment en faveur de quelque personne ou pour quelque considération, s est dit très longtemps et jusque dans le xvm* siècle : « Qu'ils donnent leurs passions, leurs querelles, leurs vengeances et leurs ambitions au bien de la France, au service de leur roi, à leur repos et an nôtre. » (Lettres missives de Henri IV, 4 mars 1592.) — « Hâtons-nous de donner à Dieu nos ressentiments. » (Bossuet, Sermon pour le mardi de la troi- tième semaine de Carême.) — a Si j'avais plus de santé et si j'aimais assez la gloire pour lui donner ma paresse, je la voudrais plus générale et plus avanta- geuse que celle qu'on accorde aui sciences. » (Vauvenargues, Lettre à Mi' rabeau.)

1790. Cléopâtre accorde aux bienséances ce qu'il leur faut accorder ; sa douleur

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