Voilà traiter l’amour, Cliton, et comme il faut.
À vous dire le vrai, je tombe de bien haut.
Mais parlons du festin : Urgande et Mélusine
N’ont jamais sur-le-champ mieux fourni leur cuisine ;
Vous allez au delà de leurs enchantements.
Vous seriez un grand maître à faire des romans,
Ayant si bien en main le festin et la guerre :
Vos gens en moins de rien courraient toute la terre,
Et ce serait pour vous des travaux fort légers
Que d’y mêler partout la pompe et les dangers ;
Ces hautes fictions vous sont bien naturelles.
J’aime à braver ainsi les conteurs de nouvelles,
Et sitôt que j’en vois quelqu’un s’imaginer
Que ce qu’il veut m’apprendre a de quoi m’étonner,
Je le sers aussitôt d’un conte imaginaire
Qui l’étonne lui-même, et le force à se taire.
Si tu pouvais savoir quel plaisir on a lors
De leur faire rentrer leurs nouvelles au corps…
Je le juge assez grand. Mais enfin ces pratiques
Vous peuvent engager en de fâcheux intriques.
Nous nous en tirerons.