Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/285

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J’ai tout su de lui-même, et des gens de Lucrèce :
Il avait vu chez elle entrer votre maîtresse,
Mais il n’avait pas vu qu’Hippolyte et Daphné,
Ce jour-là par hasard, chez elle avaient dîné ;
Il les en voit sortir, mais à coiffe abattue,
Et sans les approcher il suit de rue en rue ;
Aux couleurs, au carrosse, il ne doute rien ;
Tout était à Lucrèce, et le dupe si bien,
Que, prenant ces beautés pour Lucrèce et Clarice,
Il rend à votre amour un très mauvais service ;
Il les voit donc aller jusques au bord de l’eau,
Descendre de carrosse, entrer dans un bateau,
Il voit porter des plats, entend quelque musique,
(À ce que l’on m’a dit, assez mélancolique) ;
Mais cessez d’en avoir l’esprit inquiété,
Car enfin le carrosse avait été prêté,
L’avis se trouve faux, et ces deux autres belles
Avaient en plein repos passé la nuit chez elles.


Alcippe

Quel malheur est le mien ! Ainsi donc sans sujet
J’ai fait ce grand vacarme à ce charmant objet !


Philiste

Je ferai votre paix. Mais sachez autre chose :
Celui qui de ce trouble est la seconde cause,
Dorante, qui tantôt nous en a tant conté
De son festin superbe et sur l’heure apprêté,
Lui qui, depuis un mois nous cachant sa venue,