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INTRODUCTION 15

intérêt égoïste. C'est que Garnier, trop fidèle à l'histoire, en ne liant pas étroitement au meurtre le châtiment des meur- triers, n"a montré qu'une vengeance personnelle là où Cor- neille a fait voir un acte de généreuse justice. Il est superflu de dire que le troisième acte, comme les deux premiers, com- me le quatrième, se termine par un chœur.

Acte IV. — On vient d'apprendre la défaite des républi- cains d'Afrique à Tapsa, el la mort de Scipion, père de Cor- nélie ; cette nouvelle consterne les derniers défenseurs de la liberté romaine. Cassie reproche à Brute de rester inactif, et déclare que, pour lui, il saura tuer, seul au besoin, le tyran. Fort à propos, le chœur vient chanter un hymne à la gloire des tyrannicides. Mais voici le tyran lui-même qui se pré- sente : dans un langage déclamatoire à la fois et trivial, César rappelle à Antoine que Pompée « par une seule entorse » a éprouvé sa valeur, et avoue l'orgueilleuse ambition qui le pousse en avant :

César ne peut souffrir aucun supérieur.

Il est vrai qu'il repousse les conseils perfides d'Antoine et ne peut se résoudre à traiter en suspects tous ses concitoyens. Un chœur de Césariens exalte sa gloire.

Acte V. — Tout le cinquième acte est dans l'interminable récit qu'un messager fait à Cornélie des malheurs qui ont frappé les siens, et dans la manifestation, quelque peu empha- tique, du désespoir de Cornélie. Désormais, elle ne vivra plus que pour rendre les derniers devoirs à son mari et à son père, Scipion, vaincu et tué en Afrique ; bientôt elle mourra

emplissant de saoglots Les vases bienheureux qui les tiendront enclos.

On le voit, à part quelques ressemblances de détail, toute comparaison est impossible entre les deux œuvres ; celle de Garnier n'est guère qu'une longue lamentation sur des événe- ments qui ne sauraient nous émouvoir, puisqu'ils se passent loin de nos yeux , et qui, d'ailleurs, sont très postérieurs à la mort de Pompée. Cicéron disserte, Cornélie se lamente, les Pompéiens ou les Césariens, en multipliant les chœurs, font de louables efforts pour dissimuler l'absence complète de toute intrigue. Après qu'ils ont déclamé ou chanté, on cher- che en vain l'intérêt dramatique. La Cornélie de Garnier est

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