Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/316

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de lui je puis beaucoup pour toi…


Sabine

Fais tomber de la pluie, et laisse faire à moi.


Cliton

Tu viens d’entrer en goût.


Sabine

Avec mes révérences,
Je ne suis pas encor si dupe que tu penses ;
Je sais bien mon métier, et ma simplicité
Joue aussi bien son jeu que ton avidité.


Cliton

Si tu sais ton métier, dis-moi quelle espérance
Doit obstiner mon maître à la persévérance.
Sera-t-elle insensible ? En viendrons-nous à bout ?


Sabine

Puisqu’il est si brave homme, il faut te dire tout :

Pour te désabuser, sache donc que Lucrèce
N’est rien moins qu’insensible à l’ardeur qui le presse :
Durant toute la nuit elle n’a point dormi.
Et, si je ne me trompe, elle l’aime à demi.


Cliton

Mais sur quel privilège est-ce qu’elle se fonde,
Quand elle aime à demi, de maltraiter le monde ?
Il n’en a cette nuit reçu que des mépris.
Chère amie, après tout, mon maître vaut son prix :
Ces amours à demi sont d’une étrange espèce,
Et, s’il voulait me croire, il quitterait Lucrèce.


Sabine

Qu’il ne se hâte point, on l’aime assurément.


Cliton

Mais on le lui témoigne un peu bien rudement,