Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/321

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Dorante est un grand fourbe, et nous l’a fait connaître,
Mais s’il continuait encore à m’en conter,
Peut-être avec le temps il me ferait douter.

Clariste
Si tu l’aimes, du moins, étant bien avertie,
Prends bien garde à ton fait, et fais bien ta partie.


Lucrèce

C’en est trop ; et tu dois seulement présumer
Que je penche à le croire, et non pas à l’aimer.

Clariste
De le croire à l’aimer la distance est petite :
Qui fait croire ses feux fait croire son mérite ;
Ces deux points en amour se suivent de si près,
Que qui se croit aimée aime bientôt après.


Lucrèce

La curiosité souvent dans quelques âmes
Produit le même effet que produiraient des flammes.

Clariste
Je suis prête à le croire afin de t’obliger.


Sabine

Vous me feriez ici toutes deux enrager.
Voyez qu’il est besoin de tout ce badinage !
Faites moins la sucrée, et changez de langage,
Ou vous n’en casserez, ma foi, que d’une dent.