Page:Corneille Théâtre Hémon tome3.djvu/365

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

INTRODUCTION. 19

parfaite *. « Il m'était beaucoup moits permis dans Horace et dans Pompée, dont les histoires ne sont ignorées de personne, que dans Rodogane et d;ms Niconiède, dont peu de gens savaient les noms avant que je les eusse mis sur le tlieàtre. » Si donc il s'est permis de modifier le dénoueinenl que l'histoire seml)iait imposer à la tragédie, c'est qu'usant d'une liberté légitime, il a cherché et trouvé un dénouement plus propre, selon lui, à produire un effet dramatique : « Cela fait deux efiFets : la punition de cette impitoyable mère laisse un plus fort exemple, puisqu'elle devient un effet delà justice du ciel, et non pas de la vengeance des hommes. D'un autre côté, Antio- chus ne perd rien de la compassion et de l'amitié qu'on avait pour lui, qui redouble plutôt qu'elle ne diminue, et enfin l'ac- tion historique s'y trouve conservée, malgré ce changement, puisque Cléopâlre périt par le même poison qu'elle présente à Antiochus. »

C'est la règle des trois unités, tout récemment découverte, qui fut le principal souci du vieux Corneille. Rodogune se con- lorraait-elle à cette règle que son auteur n'avait pas toujours connue? Grave sujet d'embarras. Corneille parle peu de l'unité d'action ; sur ce point, il croit sans doute qu'une lecture de sa pièce suffit à la justifier ; lorsqu'il s'explique, ses explications ne sont pas fort nettes, du moins dans la forme, assez embar- rassée : cr Si on me demande, écrit-il *, ce que fait Cléopàtre dans Rndogmie, depuis qu'elle a quitté ses deux fils au second acte jusqu'à ce qu'elle rejoigne Antiochus au quatrième, je serai bien empêché à vous le dire, et je ne crois pas être obligé à en rendre compte ; mais la fin de ce second prépare à voir un effort de l'amitié des deux frères poui- régner et déiober Rodo- gune à la haine envenimée de leur mère. On en voit l'effet dans le troisième, dont la îln prépare encore à voir un autre effort d'Aniiochus pour resjagner ces deux ennemies l'une après l'autre, et à ce que fait Séleucus dans le quatrième, qui oblige cette mère dénaturée à résoudre et faire attendre ce qu'elle tâche d'exécuter au cinquième. » Ainsi, de l'avis de Corneille, la touchante amitié des deux frères est le principal ressort de '/action, dont le fond est la haine de Cléopàtre contre Rodo- gune.

Nulle part, même dans s,on'Examen, il ne semble préoccupé

1. Disrmirg xm- ta Irayédie. %. Discows des troisunité».

�� �